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Lettre ouverte à Jean Emmanuel Pondi

dimanche 25 janvier 2009

L’acceptation par ce brillant universitaire d’un poste au sein du Rdpc lui commandera de rendre compte devant le Tribunal de l’histoire.


Cher Jean Emmanuel,

Pr Jean Emmanuel PONDI

Voici cinq mois, que tu as été "promu" chargé de missions dans le parti au Pouvoir (RDPC), et que j’attends, en vain jusqu’à présent, que tu dises "non" à cet appel. J’en étais convaincu car, je repensais à l’homme que j’ai côtoyé il y’a une dizaine d’année au Cameroun, dans le mouvement Africa vision ; où, te souviens-tu, comme nous le chantions dans notre hymne avant chaque conférence, nous nous réunissions "pour sauver notre continent, de la misère et de la souffrance…, (pour) édifier une autre Afrique, unie, forte et prospère (…)". Si au bout de cinq mois tu n’as pas dis "non", dois je comprendre que tu as dis "oui", puisque comme dit l’adage, "qui ne dit mot consent" ? Je résiste encore à le croire.

Les mœurs du système exigeaient que je te présentasse mes vives félicitations, avant de rédiger, selon des formules dont le Cameroun seul a le secret sémantique, une "motion de soutient" à "son Excellence le Président Paul Biya, Président national du Rdpc, etc.", en lui rendant grâce d’avoir sélectionné un natif de l’arrondissement de Ngog-Mapubi, parmi 20 millions de camerounais, pour exécuter ses prochaines missions. Mais, brocardant délibérément cet usage, c’est plutôt une lettre de surcroit ouverte, que j’ai choisie de te destiner. Veuille m’excuser d’avoir volontairement violé les convenances.
Si je l’ai laissé sciemment ouvert, c’est parce que ce papier ne s’adresse pas seulement à toi, mais aussi à l’ensemble des intellectuels (et universitaires) camerounais "missionnaires" de ce régime, surtout à ces "Intellectuels de la vingt cinquième heure du Renouveau" que Paul Biya appelle dans son sérail ces dernières années, comme pour cautionner la perpétuité de son pouvoir, et partager la lourde responsabilité qu’il porte, d’avoir conduit le Cameroun dans l’abîme après un long quart de siècle de règne. Je l’ai aussi voulu ouvert, parce qu’il ne s’adresse pas à la personne, mais à l’intellectuel que tu es.
Jean Emmanuel, vas-tu accepter, devant l’histoire, l’Afrique et le monde, d’être associé aux barbaries et aux tares de l’un des régimes les plus négatifs de l’Afrique post indépendante ?

Missions terminées

Il me semble que toutes les actions qui restent du "Renouveau", sont bien des "missions terminées", ne le vois tu pas ? Ces intrigues et batailles de positionnement ; ces "Eperviers" maniganciers qui survolent le pays ; cette crise de confiance dans l’entourage du vieux Lion ; ces décès et phénomènes étranges qui se déroulent autour et dans le palais, etc. ne signifient-ils pas pour toi aussi, que le chant du cygne est entonné à Etoudi, et que les traditionnels rituels de fin d’une dictature mystico-gérontocrato-tropicale ont commencé au Cameroun ? Bientôt, quand la flamme du Rdpc aura fini de se consumer, le brillant politologue que tu es pourrait avoir peine à justifier son ralliement à un tel Régime vicieux.

On peut appréhender l’engagement politique de la première génération d’universitaires que Paul Biya appela dans son cénacle, dans la décennie 1980-1990 (A. Kontchou K., J. Owona, E. Njoh Mouéllé, etc.) : après 22 ans d’une implacable dictature, quel camerounais n’avait pas cru en un véritable "Renouveau" du pays, en la "rigueur et la moralisation" des comportements qu’il prônait ? Au début de son pouvoir (reconnaissons-le), le successeur d’Ahidjo avait quand même marqué une rupture ; il y’avait donc de bonnes raisons de le soutenir.
On peut même aussi comprendre l’embarquement de la deuxième génération d’universitaires dans ce régime, dès la décennie 1990-2000 : au lendemain du sommet de la Baule de 1990, qui annonçait un nouveau climat politique en Afrique, fait de démocratie et de bonne gouvernance, il était légitime d’y apporter sa contribution.

Mais, qu’est ce qui, d’objectif, peut encore justifier la conversion d’un intellectuel à Paul Biya aujourd’hui ? Ses "grandes ambitions", peut-être… As-tu vu, dans ce monde, Homme, ex abrupto, devenu plus "ambitieux" à son vieil âge qu’à sa jeunesse ? Au lieu du "Renouveau" qu’il professait, Paul Biya a conduit le pays dans un déclin aussi grondant que les ventres creux des camerounais. Rendues funestement "Populations pauvres et Très Endettés", jamais celle-ci n’ont été aussi miséreuse que ces dix dernières années ; à la place de la "rigueur", a émergé dans son pays l’une des pratiques de fausseté des plus gigantesques que l’Afrique ait connus : la feymania. N’est ce pas au faîte de son règne que le pays remporta le triste trophée mondial de la corruption ? A la place de la "moralisation" qu’il annonçait dans les habitudes s’est niché, en chaque camerounais déjà multi dévalué, un nouveau réflexe de survie : le gombo (ou "pourboirerie"). Sans compter ce magma (l’un des plus importants du continent !) d’exilés politiques et économiques qui, fuyant ce patelin étouffant, ne cessent de se disséminer dans les quatre coins de la planète…

Dès lors, l’enrôlement à ce régime d’un intellectuel de ta carrure, dans ce contexte d’échec criard et de pourrissement généralisé du pays, est perçu comme une vraie trahison. Pis, ton serment s’apparentera même à un suicide : comment peut-on vouloir prendre place dans un navire qui, sclérosé par le temps, rongé par des carnassiers de toutes sortes, et commandé par un capitaine croulant, coule dangereusement dans les flots d’un océan en vagues, alors que l’équipage s’entredéchire pour un leadership vain, et que les passagers avertis tentent de rejoindre la berge ?

Oui, disais-je, les missions sont bien terminées ! Que reste t-il comme missions à accomplir, dans l’agenda d’un Homme de presque 80 ans, après une trentaine d’années de règne ? De quelles missions te chargera t-on ? Celle d’organiser une autre modification de la constitution en 2011, en vue de transformer la République en Royaume, ou celle d’aller battre campagne inutilement à Ngog-Mapubi, avec des grosses mallettes d’argent ? Non, tu es trop propre pour ce genre de besognes !

Tu n’es non plus, du moins l’Homme que j’ai connu, un "Intellectuel du ventre" (pour paraphraser ton compagnon Luc Sindjoun). Si tu le fais, tu auras compromis tout le crédit intellectuel que le Cameroun, l’Afrique et le monde t’accordent encore.

Luc Sindjoum… justement. L’éminent Professeur de Sociologie politique, qui t’a précédé dans le palais d’Etoudi, n’est-il pas un bon contre-exemple de ton nouvel engagement ? Le brillant constitutionnaliste, membre de l’Académie française des Sciences d’Outre-mer… qui, durant les années de braises décria ardemment la "politique du ventre" (expression dont il est l’auteur !), pourra t-il oser demain, nous convaincre de n’avoir pas exhorté Paul Biya à tripatouiller la constitution en vue de se momifier au pouvoir, alors qu’il était son Conseiller Technique ?

"Non !"

Souviens-toi, un jour (au cours d’une conférence dont j’étais le modérateur, à Soa en 1998), tu disais de l’intellectuel qu’il devait être "capable d’être la voix des sans voix (…)". La situation socio-politique et économique de notre pays aujourd’hui, exige justement de tous ses intellectuels, dignes de ce nom, d’entrer ouvertement dans la sédition et de dire "non" à ce régime. Comme le firent en leur temps, Mongo Beti (Cameroun), Ken Sarowiwa (Nigéria), Cheikh Anta Diop (Sénégal), ou Atutsé Agbobli (Togo)... Ils n’acceptèrent ni de se rallier, ni de tenir leur langue, pour que les choses avancent. La situation actuelle de notre pays me semble si tragique que même se taire se confondrait à une félonie ; et les universitaires camerounais devraient particulièrement avoir honte, de constater que ce sont des personnalités civiles, parfois anodines, tels les artistes Joe la conscience ou Lapiro de Mbanga, qui osent encore exprimer publiquement leur "non" à ce régime !

Pourtant, il n’y a guère jamais eu d’exemple de progression tranquille de sociétés. Ce sont, le plus souvent des bonds du "non" que se dessinent leurs destinées, et qu’est apparu le meilleur de notre civilisation : du "non" de Jésus de Nazareth naquit le christianisme ; celui du Général De Gaulle sauva la France du Nazisme ; celui de Soljenitsyne favorisa la chute de la nomenklatura soviétique ; celui de Nelson Mandela brisa l’apartheid…

Jean Emmanuel, ces "non" impliquèrent parfois que leurs auteurs affrontassent leur propre camp ou famille ; le chemin ni les choix du père ne sont pas forcément ceux du fils, car chaque génération a ses défis… Y a-t-il plus magnifique que celui qui se met en travers d’une oppression, d’une répression ou d’une régression ? Ceux qui ont dit "non", ont transformé le monde, et ce n’est que de nos "non" que devra émerger un Cameroun nouveau. Aucun pays au monde n’est plus avancé que ses universités, ses intellectuels. C’est à eux de concevoir le rêve pour demain. N’est ce pas les Think tank qui ébauchent l’avenir des peuples en Occident ? Si l’Amérique, avec Obama, vit aujourd’hui la réalité de l’espérance qu’eut Martin Luther King il y’a quarante ans, cela signifie que nous pouvons nous aussi, aspirer à une autre Afrique, songer à un autre Cameroun. Alors pourquoi se rallier ?

"Dans tout pays, écrivait le romancier et dramaturge français Henry de Montherlant, il n’y a que deux partis : ceux qui osent dire non, et ceux qui ne l’osent pas. Quand ceux qui ne l’osent pas dépassent en nombre considérable ceux qui l’osent, le pays est fichu". A bien voir les choses, nous y sommes ou presque : Les uns se sont tus ou se sont ralliés. Les autres ont peur ; de ne pas être nommé, de perdre un marché, un poste, d’être emprisonné ou tué…

Tu dois le savoir mieux que moi : l’histoire est le juge le plus impartial et le plus impitoyable des peuples, et surtout des Hommes politiques. Elle risquera d’être particulièrement sévère envers Biya et son régime, pour toutes les souffrances qu’ils ont fait déguster à plusieurs générations de camerounais. Mais, la même histoire écrira aussi : "(…) Sous Paul Biya, le Cameroun s’enlisait, coulait, se noyait, lentement, dangereusement, et…les Intellectuels se taisaient ; ou adhéraient (…) Même d’illustres Professeurs tels que Maurice Kamto, Luc Sindjoum, Jean Emmanuel Pondi …".

Songes-y Jean Emmanuel, en faisant tes valises pour ta prochaine mission !

Salutations fraternelles.

Par Bienvenu Gouem Gouem

2 Messages

  • Lettre ouverte à Jean Emmanuel Pondi

    20 octobre 2011 15:07, par rolanderjack

    Bsoir Monsieur,je suis content de savoir qu’il y a des gens qui s’insurgent de cette situation qui sévit au Cameroun notre cher beau pays.Il est abhérent de voir que les intellectuels qui devaient éclairer la nation ,sont au vue de ce qui se passe au Cameroun ceux qui nous conduise vers notre perte.J’ai mal pour cette situation qui me désole,quelle douleur de voir ça.
    mais malgré tout, il y a de l’espoir aussi infime soit-elle,et pour que cela grandisse,la nouvelle génération doit s’informer.
    Je vous dis merci de votre contribution,qui malgré quelle soit tombée dans l’oreille d’un sourd,ouvre malgré tout une brèche,que beaucoup de jeunes inquiets du devenir de notre cher beau pays verrons .merci

  • Lettre ouverte à Jean Emmanuel Pondi

    5 juin 2013 16:38, par theophinicole

    je pense pour ma part que l’imminent Pr PONDI saches dissocier le bien du mal. et je croit aussi qu’il n’est pas de ceux qui ont une soif incommensurable du pouvoir. tout de même j’aimerais lui dire si je pu me permettre que quand on va diner avec le diable, on y va avec une longue cuillère. le RDPC est comme une machine qui sert celui qui l’adopte et detruit a jamais celui qui tente de s’insurger contre lui. il n’en demeure pas moins que c’est aussi un appareil bien huilé qui quelque fois est au service du peuple.

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