samedi 26 novembre 2011
Jules Koum Koum a perdu la vie vendredi des suites d’un accident de circulation à la sortie Sud de Yaoundé.
La nouvelle du décès de Jules Koum Koum s’est répandue au sein de la corporation des journalistes, vendredi, 4 novembre 2011, comme une trainée de poudre.
On apprenait qu’en fin d’après-midi, le correspondant au Cameroun de Reporters sans frontières avait été percuté par un véhicule transportant des grumes, alors qu’il se trouvait à bord de sa voiture de marque Toyota Rav 4, immatriculée Lt 9908 V, à la sortie de la ville de Yaoundé.
Dès l’annonce de son décès, Reporters sans frontières s’est dit bouleversé par la perte d’un "correspondant exemplaire". Dans un communiqué, son secrétaire général Jean-François Julliard, déclare que « personne n’oubliera l’homme engagé et courageux qu’était Jules Koum Koum. Il ne reculait devant rien, sollicitait régulièrement les autorités camerounaises pour faire avancer la liberté de la presse dans son pays, distribuait pour Reporters sans frontières des bourses d’assistance à ses confrères ou leur rendait visite en prison. Il était pour nous un correspondant exemplaire, par son objectivité, sa détermination et sa présence active sur le terrain. La liberté de la presse perd l’un de ses plus ardents défenseurs ».
Tradex Ahala
D’après nos informations, c’est aux environs de 17h30 que l’accident s’est produit au quartier Ahala. Plus précisément, à 150 mètres de la station Tradex. La dernière personne avec qui Jules Koum Koum s’est entretenu avant de trouver la mort n’en revient pas. Il s’agit du garagiste chez qui le directeur de publication du Jeune observateur s’est arrêté pour faire réparer sa voiture. Un garage situé à proximité du lieu de l’accident. Celui-ci raconte : « Il est d’abord passé par ici et rentrait sur Douala. Il a fait demi-tour parce que sa voiture ronflait beaucoup et il n’appréciait pas cela ». Il ajoute : « J’ai d’abord vérifié le ralenti et je me suis rendu compte que ce n’était pas ça. Puis, je me suis tourné vers les bougies. C’est alors que je lui ai dit que je devais regarder la voiture. Il s’est opposé et m’a fait comprendre qu’il n’avait pas assez de temps et devait retourner sur Yaoundé. Il n’a même pas fait dix minutes. Je ne pouvais pas l’empêcher de partir ».
D’après d’autres témoins de l’accident, lorsque Jules Koum Koum sort du garage, il s’apprête à prendre le virage en direction de Yaoundé, lorsqu’il est percuté par un véhicule transportant six grumes. Il est alors traîné à gauche sur près de 100 mètres. Le grumier arrêtera sa course contre un poteau électrique. Résultat : la Rav 4 est broyée avec Jules Koum Koum à l’intérieur.
Les personnes qui assistent à la scène restent dans un premier temps médusées avant de se rendre compte de la gravité de l’accident. « Dans un premier temps, il a été impossible de retirer le journaliste de la voiture. Le chauffeur du grumier s’était déjà enfui. Par chance, quelqu’un savait conduire le gros engin. Il l’a fait rentrer d’un mètre. C’est grâce à lui que Jules Koum Koum a pu être extrait de son véhicule », raconte un témoin. Le chauffeur du grumier, dont nous n’avons pas pu avoir l’identité s’est réfugié auprès du syndicat des gros transporteurs. Nous avons appris qu’il sera remis aux autorités pour "besoin d’enquête".
« Quand il a été sorti de sa voiture, il était encore vivant, mais était dans l’incapacité de parler », affirme l’un des employés du garage, où le promoteur de Hop Fm (radio émettant à Douala) s’était arrêté. Il sera transporté dans un taxi à l’hôpital Ad lucem d’Obobogo et c’est là bas qu’il rendra l’âme aux alentours de 19h10. Son corps sera transféré quelques minutes plus tard à l’hôpital général de Yaoundé.
Enquêtes
De source digne de foi, plusieurs enquêtes policières sont ouvertes depuis vendredi soir. La direction générale de la sûreté nationale (Dgsn) et la direction générale de la recherche extérieure (Dgre) sont à la manœuvre pour connaître la vérité sur les principales causes du décès du correspondant de Reporter sans frontières au Cameroun. D’ailleurs, ce serait par l’entremise du Délégué général de la sûreté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguélé, que le corps de Jules Koum Koum a été transféré à l’hôpital général. Une source policière affirme : « Nous travaillons sur la mort de Jules Koum Koum parce que nous pensons que beaucoup de gens vont voir la main du ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o ». Il faut relever que le directeur de publication du Jeune Observateur avait été entendu par la Commission nationale anti-corruption sur les biens présumés de l’actuel ministre de la défense, suite aux révélations de son journal.
Cependant, d’autres sources signalent que l’intérêt des services de police pour cette affaire ne serait pas seulement lié aux révélations de Jules Koum Koum sur les biens d’Edgard Alain Mebe Ngo’o, mais aussi parce qu’il s’agit du correspondant de Reporters sans frontières au Cameroun. « Le gouvernement ne veut pas à nouveau faire face à des critiques de l’Occident sur la question de la liberté de la presse au Cameroun. La situation politique est déjà assez compliquée à gérer avec les chancelleries occidentales », affirme une source au ministère de la Communication.
Les premièrs éléments de l’enquête d’après une sources indiquent que « la piste d’un simple accident de circulation est plus plausible que celle d’un assassinat ». Du 26 septembre au 2 octobre dernier, Jules Koum Koum avait participé à la mission effectuée par Reporters sans frontières au Cameroun. Il avait accompagné le responsable du Bureau Afrique, Ambroise Pierre, dans ses rendez-vous, notamment avec le ministre de la Communication et le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, et le directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou.
Issa Tchiroma Bakary s’est rendu vendredi soir aux alentours de 20h 30 sur les lieux de l’accident. Le lendemain, il a reçu la veuve du journaliste, quelques heures après son arrivée à Yaoundé, samedi matin.
Par Boris Bertolt(Le Jour)