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Lapiro de Mbanga : « Le Sénat ne peut pas résoudre les problèmes des Camerounais »

jeudi 4 avril 2013


Lapiro de Mbanga. Ce nom est difficile à rayer du paysage politique et artistique camerounais.Depuis qu’il a choisi de quitter le Cameroun après avoir purgé injustement une peine de prison, suite aux émeutes de fin février 2008, Lapiro a choisi d’aller vivre au pays de l’Oncle Sam. En exil. Mais, cela ne veut pas dire qu’il n’a pas le cœur au Cameroun. Au contraire. Grâce à la magie d’Internet, il traque chaque jour ses amis à qui il envoie quotidiennement un mot gentil, tout comme il prend les nouvelles du pays. C’est ainsi que Le Messager l’a retrouvé sur Facebook. Toujours aussi chaleureux, Lapiro de Mbanga n’a pas hésité de se confier via un entretien par Internet à votre journal. Nous vous proposons la quintessence de l’entretien qu’il nous a accordé.

Lapiro de Mbanga, depuis que vous avez quitté le Cameroun, comment est-ce que vous organisez votre vie aux Etats-Unis ?

Ma vie aux Etats-Unis est celle d’un réfugié qu’il ne faut pas confondre avec l’asile. Je me consacre à l’éducation de mes enfants qui sont ici avec moi. J’ai pendant 3 décennies focalisé ma vie sur mon combat, à savoir la lutte contre les inégalités sociales oubliant que j’étais d’abord un chef de famille. Malgré tout ce que les Um, Ouandié, Moumié et tous les autres combattants connus et inconnus ont fait, personne aujourd’hui ne sait ce que sont devenues leurs progénitures, Pour moi, c’est très grave. C’est comme s’ils ont combattu pour rien, toutes choses que je ne souhaite pas à ma progéniture.

Comment êtes-vous sortis du Cameroun ?

Ma famille et moi avons pris un vol régulier à l’aéroport international de Douala en direction de Maroua où nous avons passé la nuit. Le lendemain, nous avons pris un car pour Kousseri, où nous avons passé une autre nuit, et le jour d’après, nous avons traversé la frontière à bord d’un véhicule des Nations Unies pour aller à N’djamena où nous avons été logés par les Nations-Unies.

Et maintenant comment avez-vous été accueilli aux États-Unis ?

Nous avons été accueillis aux States par Journey’s End qui est une structure sous l’égide des Nations Unies.

Ici au Cameroun paraît-il, la Justice serait encore à vos trousses. Elle vous réclame les frais d’amende qui ont accompagné votre condamnation il y a quelques années de cela. Peut-on penser que vous reviendrez au Cameroun pour cela ?

La justice n’est pas à mes trousses. C’est moi qui réclame justice dans le cadre du faux procès que Paul Biya (je souhaite que vous écriviez ce nom en minuscule s’il vous plaît) a monté de toutes pièces contre moi. Suite à ma condamnation et à la confirmation de cette peine par la Cour d’appel du Littoral, j’ai fait un pourvoi à la Cour suprême depuis 2009 et avais par la même occasion fait une demande de liberté. La Cour suprême m’a convoqué deux semaines avant la fin de ma peine et ma libération pour statuer sur ma demande de liberté. Maintenant que ma peine est finie, cette illustre Cour trouve urgent de sortir mon dossier pour le juger au fond deux ans après que je sois sorti de prison, alors que Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana pour ne citer que ceux-là, attendent depuis 15 ans que cette Cour appelle leurs dossiers.Cette réaction de la Cour suprême cache quelque chose et nous y reviendrons bientôt. Je les laisse d’abord faire leur cinéma.

L’actualité au Cameroun, comme vous devez le savoir, ce sont les prochaines sénatoriales. Dites-nous, si vous étiez encore au pays, seriez-vous candidat et avec quel parti politique ?

Non si j’étais au Cameroun je n’aurais pas été candidat. Les Camerounais cherchent depuis des années un contre-poids par rapport au gouvernement tout puissant de Paul Biya pour avoir une clarté sur la gestion des affaires publiques et c’est pour cette raison que la deuxième chambre était nécessaire. Si cette chambre va être un autre pouvoir qui va permettre à Biya de gérer le Cameroun comme son kiosque, alors pour moi, ce Sénat n’a pas sa raison d’être. De toutes les façons parce que Biya n’a jamais voulu le bien-être de la grande majorité des Camerounais, s’il nous impose aujourd’hui ce Sénat qui était attendu depuis plus d’une décennie, sachant pertinemment que ce n’est plus indispensable au moment où un pays comme le Sénégal préfère utiliser son budget du Sénat pour lutter contre la pauvreté. Parce que le Sénat aujourd’hui ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux du Camerounais moyen, à mon avis il ne sert à rien et Lapiro n’a rien à faire dans un machin folklorique qui ne va pas améliorer les conditions de vie des Camerounais. Le Sénat ne va pas augmenter le Smig, il ne va pas augmenter le salaire minable des fonctionnaires camerounais qui les oblige à mendier et à accepter la corruption, le Sénat ne va pas arrêter les coupures abusives d’électricité et d’eau, il ne va pas sécuriser les frontières du Cameroun, bref le Sénat au Cameroun aujourd’hui est un machin à mâcher le budget.

Peut-on dire que Paul Biya et Fru Ndi, c’est à jamais la rupture avec vous ?

Paul Biya même s’il écoute mes chansons, ne compte pas sur la liste très restreinte de mes amis. Donc pas besoin de rompre avec lui encore que je n’ai jamais voté ni pour lui-même, ni pour le parti de Ahidjo qu’il a détourné à Bamenda en 1985. Fru Ndi que j’appelle désormais "CHIENMAN" et non Chairman, a cessé depuis bien longtemps d’être une personne ayant droit à mon respect, compte tenu de ses multiples virements, revirements et retournements de veste.

Quand on pense à vos rapports avec Paul Biya on se souvient notamment de la période des villes mortes, période au cours de laquelle on vous a accusé d’avoir trahi les opposants. Dites, que s’est-il vraiment passé avec feu Jean Fochivé à cette époque-là ?

Parce que Biya Paul ne compte pas dans la liste ô combien restreinte de mes relations, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais aucun rapport avec ce futur demandeur d’asile et moi. J’aime dire que le gendarme de tout un individu est sa conscience et Lapiro a une conscience. Personne ne peut tromper sa propre conscience même pas moi ; c’est pour vous dire que je suis très tranquille avec ma conscience en ce qui concerne cette fameuse affaire de trahison. Il s’est passé que j’ai en toute liberté et en mon âme et conscience pris une position courageuse à ce moment et s’il m’était demandé de le refaire, je le referais autant de fois que possible. Pour qu’on parle de trahison, il me semble qu’il faut au préalable que les parties se mettent d’accord sur quelque chose. La question c’est : qui est-ce que Lapiro a trahi ? Je n’étais pas militant d’un parti politique quelconque, comment pouvais-je donc trahir les opposants ?

Ce qui s’est vraiment passé avec Jean Fochivé est que, j’étais l’un des vice-présidents de l’Organisation Camerounaise des Droits de l’Homme(OCDH) présidée par Maître Charles Tchoungang et c’est ce dernier qui m’a mis en mission dans le cadre de nos activités. Il était question que j’aille récupérer un laissez-passer qui allait me permettre d’escorter à Bamenda les étudiants responsables du Parlement de l’université de Yaoundé, qui étaient recherchés pour qu’ils assistent à une réunion des étudiants qui allait leur permettre de trouver des voies et moyens de poser leurs doléances à l’Etat, et apaiser le climat social qui prévalait à ce moment. Et je tiens à souligner que cette réunion était de mon initiative. Ce laissez-passer avait été négocié par Charles Tchoungang qui m’a demandé d’aller rencontrer Jean Fochivé à l’hôtel Méridien à Douala et le récupérer. Pourquoi il n’a lui-même pas pris ce document pour me le remettre, cette question, il faut la lui poser.

Pourquoi avoir accepté d’être pris en charge par le système que vous alliez combattre plus tard ?

Cher ami, je suis heureux de savoir que vous êtes basé à Yaoundé alors allez à l’hôtel Mont-Fébé et demandez leur si je n’ai pas une dette d’environ 7 millions de francs chez eux et vous reviendrez dire à vos lecteurs si j’étais pris en charge par le diable. Lorsqu’on est pris en charge, on n’a pas de dette, raison pour laquelle je regarde tout le monde de haut en ce qui concerne ce problème.

Avant mon séjour d’un an et demi à l’hôtel Mont-Fébé, j’ai séjourné deux ans au Sawa Novotel à Douala, un an à la résidence hôtelière la Falaise à Douala et 8 mois à l’hôtel Akwa Palace vous pouvez le vérifier. Cher ami, Lapiro était au top de sa carrière et pouvait se permettre le luxe de vivre en star ce qui n’est pas donné à tout le monde. Je peux donc comprendre que certains individus se laissent convaincre de ce que c’est Biya qui payait mes factures. Savez-vous que je n’ai pas été dédommagé pour ma boîte de nuit à Mbanga, qui avait été incendiée ? Si Biya et moi étions en bon terme il m’aurait tout au moins dédommagé pour le MATANGO CLUB qui m’a couté plus de 100 millions à l’époque.

Et avec Fru Ndi, comment en êtes vous venu à vous brouiller ?

Je ne peux pas être en bon terme avec un individu qui complote contre le peuple, c’est aussi simple que cela.

De quelle Cameroun rêvez-vous aujourd’hui depuis votre exil aux États-Unis ?

Je rêve d’un Cameroun dont le pouvoir appartiendra au peuple. Où les riches ne vont pas se servir de la misère des pauvres en donnant aux démunis du riz, du poisson, de la bière et 1000f pour aller au pouvoir piller les ressources du pays. D’un Cameroun où la République sera fédérale avec 13 Etats c’est à dire les 10 Régions actuelles plus l’Extrême Nord-Ouest avec Nkambé ou Banso comme capitale, une région pour le peuple Bassa et une Région pour le Mbam.

Comment allez-vous organiser votre carrière artistique désormais ?

Être réfugié ne veut pas dire que ma carrière est finie. Je continue à faire des spectacles. La semaine dernière j’ai fait une prestation pour une association des professeurs d’université en Caroline du Sud, où il y avait notre compatriote Patrice Nganang. Le 8 juin je joue à Paris avec Douleur. Je vais faire très bientôt une tournée en Angleterre. J’ai des contacts pour le Canada, le Kenya, l’Afrique du Sud et Doubaî donc je n’ai aucune inquiétude sur le plan professionnel.

Que pensez-vous de la plainte que viennent de déposer en France contre Paul Biya, Me Eyoum Yen Lydienne et Thierry Michel Atangana pour séquestration ?

Il s’agit d’une très bonne chose. Je suis prêt à témoigner en faveur de Me Eyoum Yen Lydienne étant moi-même victime d’une détention arbitraire qui a été reconnue par la Haute Chambre des Droits de l’Homme des Nations Unies.


Propos recueillis par Jean François CHANNON(Le Messager)

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