dimanche 19 janvier 2014
Depuis le retour du Cameroun dans le cercle des pays à tendance démocratique au début des années 90, le Président de la République a régulièrement constitué une nouvelle équipe gouvernementale à l’issue des consultations populaires.
En 2013, le Cameroun a organisé les sénatoriales, les municipales et les législatives, cela signifie sans aucun doute que, fidèle à ses habitudes, le Président de la République appellera à ses côtés, de nouveaux collaborateurs. Mais en attendant que cela arrive, que se passe-t-il au sein de la nomenklatura et dans les administrations publiques de notre pays ?
Le constat est triste, l’attente de plus en plus longue d’un gouvernement qui tarde à arriver a fini par plonger les administrations publiques dans la léthargie. Plus aucune initiative n’est prise, tout est figé, chacun attend son nouveau patron. Voilà à quoi se résume l’ambiance dans nos services publics.
On s’étonne de ce mode de fonctionnement des politiques et des agents publics qui se voient peu utiles pour leur nation, s’ils ne sont pas nommés dans des cercles de pouvoir. Qui a dit que la vie connaîtra un arrêt si on n’est plus ministre, directeur général, président de conseil d’administration, etc ? Pourquoi nos hommes publics oublient qu’en arrivant au pouvoir ou à la tête d’une administration, ils ont remplacé quelqu’un à ce poste et qu’à un moment donné, ils seront eux-mêmes remplacés par quelqu’un d’autre. Ce blocage psychologique plombe le développement de notre pays et retarde notre marche vers l’émergence fixée à l’horizon 2035.
Un pays axé sur la voie de l’émergence peut-il se satisfaire d’une telle attitude qui paralyse toutes les activités et ne conduit sûrement plus les populations vers la prospérité ? Et le Président alors, qu’attend-il pour remobiliser les acteurs publics ? Pourquoi reste-t-il silencieux ? Aucun ministre, aucun directeur n’est plus concentré à sa mission.
Dans un contexte où des individus ne croient plus en eux, dans un pays où le gain facile a pris le pas sur l’effort, l’on a trouvé une parade auprès des marchands d’illusions. Nous pouvons donc comprendre pourquoi ils sont presque tous chez les marabouts et les charlatans pour leur maintien au poste ou leur promotion. Un individu normalement constitué devrait savoir que si ce marabout avait tant de puissance, il ferait prioritairement de sa propre progéniture, des ministres et autres hauts commis de l’Etat.
C’est une vaste escroquerie. Une escroquerie qui a plongé malheureusement le pays dans les crimes rituels, l’inceste, la pédophilie et toutes les pratiques sataniques à la mode. Le pays est laissé à lui-même. Les usagers des services publics sont aux abois. Aucun dossier n’est plus signé. Tout est en attente. Le combat pour l’émergence s’accommode mal de tous ces travers, le Président devra rassurer en formant un nouveau gouvernement afin de libérer les énergies positives en vue de permettre la remobilisation. Sinon, nous risquons de regretter tout ce temps qui se perd inutilement.
Par Abdoulaye Ado(L’Oeil du Sahel)