vendredi 10 juin 2011
Dans notre livraison de mercredi 8 juin (LM n°3361) figure un état des lieux de la mairie de Douala V. Commune au sommet de laquelle trône Mme Foning Françoise, par ailleurs présidente d’honneur de l’association internationale des femmes d’affaires. Le genre de personne qui devrait être un exemple de probité faisant la fierté du pays. Mais, comme le Cameroun c’est le Cameroun et qu’il faut de tout pour faire un monde, il compte bien de tout. De toutes les façons il y a bien longtemps que dans sa colère parce que Adam et Eve lui ont désobéi, Dieu a fait pousser des ronces et des épines dans le paradis. Au milieu de toutes les autres belles et utiles plantes qui peuplent la terre. On va faire comment ?
Revenant à la mairie de Douala V, voilà une commune née de l’éclatement en 1992 de celle de Douala III. Depuis lors Douala III est sorti de ses cagibis d’antan pour se doter d’un hôtel de ville qui a fière allure. Pendant ce temps Douala V est resté d’abord les locaux provisoires de l’ancienne base Dumez, l’entreprise qui a réalisé la cité de Bonamoussadi. Les émeutiers de 2008 y ont mis le feu. La Commune se retrouve en location là où elle est logée en ce moment. Et incapable de payer régulièrement ses loyers. Pourtant elle perçoit rubis sur ongle et souvent par anticipation sa dotation annuelle de fonctionnement versée par la Communauté urbaine. Voilà que Mme Foning Françoise achève bientôt un deuxième mandat à la tête de cette municipalité. Avec quel bilan ? Même sur le plan social, elle est complètement absente. Contrairement à Denise Fampou qui multiplie des actions en faveur des déshérités : arbres de Noël, aides multiformes…
A Douala V, la Sic menace d’expulser la bibliothèque municipale en location dans un des bâtiments du camp Sic de Makèpè, pour loyer impayé, la Commune bloque l’épanouissement du personnel avec des arriérés de salaire, le gel des avancements et autres reclassements. Elle précipite à la mort les retraités et les veuves des anciens employés qui se retrouvent sans pensions et ne peuvent pas entretenir leurs enfants. Et pourtant au Cameroun on lutte, dit-on, contre la pauvreté. Fort curieusement, Mme Foning, ses proches et ses complices n’ont pas froid aux yeux quand ils soutiennent que le mouvement d’humeur en gestation est le fait de ses adversaires de l’opposition qui cherchent à manipuler ces pauvres employés. Un véritable drame social se joue à Douala V.
Quand on sait qu’au Cameroun, le sort des agents communaux est des plus minables, pitoyables, ceux de Douala V sont davantage à plaindre. C’est infernal. Quand ces pauvres hères mettront en exécution leur menace de grève on va lâcher sur eux la police, la gendarmerie et même l’armée pour les tabasser, les arrêter et les jeter dans les cellules pour « trouble à l’ordre public », réprimant ainsi une contestation pourtant objective et légitime. Ils mettront des œillères pour ne pas voir qui est à l’origine du désordre. On fera tout pour protéger celle que le pouvoir a choisie pour la gestion de cette municipalité. Qui du préfet ou du gouverneur ignore que « a hungry man is an angry man » ? autrement dit « ventre affamé n’a point d’oreille ». Ils prêtent curieusement une oreille attentive aux cris du voleur qui crie « ô voleur ». Pour échapper à la vindicte populaire.
Presque au bout de deux mandats à la tête de l’exécutif communal de Douala V, qui a déjà demandé des comptes à la maire Foning ? Comme les résultats des élections au Cameroun dépendent plus de la préfectorale que des citoyens électeurs, les candidats du Rdpc, parti au pouvoir, seront toujours déclarés élus malgré leurs tares et les casseroles qu’ils traînent. A qui rend-on service dans ces conditions ? Ni aux Camerounais, ni à Paul Biya lui-même. Les pires ennemis de Paul Biya sont les Françoise Foning et tous ceux qui, comme elle, misèrent les Camerounais en portant l’effigie de Paul Biya jusqu’à leurs sous-vêtements, tout en se répandant en louanges en son honneur. Ce n’est pas sincère, ce n’est pas sérieux.
Il faut dire que le Rdpc est passé maître dans l’esbroufe, l’imposture et le bluff. Avec la complicité active de la préfectorale dont les fonctionnaires n’hésitent pas à arborer eux aussi l’uniforme du parti au pouvoir lors des manifestations publiques. Très peu sont les autorités administratives qui ne mangent pas de cette galette-là. Hélas ils sont comme un morceau de sucre dans une bassine d’eau. C’est ainsi que le pays est ruiné par des individus dont la compétence se limite à la gesticulation plus qu’ils ne posent des actes pour l’édification du pays. Nous l’avons déjà écrit dans ces mêmes colonnes : « le roi n’est rien sans le peuple. La tête couronnée n’est rien sans la main qui lui a placé la couronne ».
Par Jacques Doo Bell(Le Messager)