mardi 30 décembre 2008
En traversant vendredi dernier, par hélicoptère, la ville de Bafoussam, le Premier ministre, Ephraim Inoni ne s’est certainement pas aperçu du niveau de dégradation de la voirie de la capitale de l’Ouest.
A l’heure où les projets de développement au Cameroun et la mise en place des infrastructures sont soumis à la revendication quasi intempestive des filles et fils de certaines localités du pays, s’il avait effectué son voyage par la route, le chef du gouvernement aurait pu être interpellé par des élites (députés) et des populations de cette partie du pays.
Elles lui auraient probablement demandé de résoudre d’abord la question de la réhabilitation des désertes de Bafoussam sur sa route pour le lancement de la nouvelle pénétrante du Nord-Ouest. En effet, en sa qualité de responsable du programme économique du gouvernement, il aurait au moins répondu de la qualité des travaux d’entretien ayant eu cours, sans réussite, en 2008.
Comme si, tous les problèmes, nonobstant les écarts et défaillances de l’exécutif notamment, lui incombent. Qu’on le veuille ou non cependant, il se pose, à écouter les différents acteurs concernés, un réel problème de suivi et de réalisation des chantiers dans le secteur des Btp.
Et pourtant, l’entretien de l’infrastructure routière du périmètre urbain au Cameroun est assuré par des mécanismes précis placés entre les mains des démembrements bien déterminés de l’Etat. Au nom de l’impérative transparence, ils spécifient la division du travail et en indiquent de manière définie, les modalités. On retient à ce propos, celui qui organise l’activité gouvernementale.
Mais davantage, ceux qui régissent la décentralisation dont les premiers pas avec le texte instituant les régions, se sont manifestés récemment par un goût d’inachevé. C’est à ce niveau que l’adoption et la promulgation de récents textes relatifs au suivi de l’exécution du budget d’investissements publics, pourraient être bienvenues. Par ces dispositions, le suivi des marchés passés est assuré par un comité dit participatif.
Il requiert la représentation des bénéficiaires dont les élus locaux, les représentants de la société civile, les églises et la notabilité traditionnelle. Ce dispositif mis en place au mois d’avril 2008, même s’il ne s’étend pas au contrôle des réalisations permet un droit de regard et donc de mis en cause.
Sauf qu’il ne peut anticiper sur les cas de dégradation par rapport auxquels les autorités administratives ferment si souvent les yeux, jusqu’à ce que les nids de poule investissent l’ensemble de la ville, et parfois, de toute la contrée. Difficile dans ces conditions de ne pas se poser la question de savoir, quand et où commencent et s’achèvent en la matière, les missions des élus municipaux ? Jusqu’où peuvent-ils aller une fois que le constat de dégradation de la voie publique est fait ? Au plan pratique, de quelle pouvoir de persuasion et coercition disposent-ils face aux administrations compétentes dont la réaction n’est pas souvent prompte ? Les réponses à ces interrogations, devraient sauver les routes de Bafoussam et bien d’autres localités du pays.
Léger Ntiga(Mutations)