vendredi 26 octobre 2012
Enfin ! Pouvait-elle hurler à la fin du spectacle qu’elle a offert jeudi 18 octobre 2012 à l’Institut français du Cameroun de Douala. Son premier show sur la terre qui a vu naître ses ancêtres, après plus de 20 ans de carrière.
« J’ai fait le tour du monde trois ou quatre fois mais jamais je n’avais eu l’occasion de chanter chez moi. Mais je vous assure, ce n’est pas faute de n’avoir pas essayé. Ce soir, je remercie tous ceux qui ont rendu ce rêve que je chéri depuis plus de 15 ans, possible ; notamment Orange Cameroun et l’Ifc ».
Dixit Kaïssa Doumbè Moulongo, jeudi 18 octobre 2012. Des mots pleins d’émotion. C’est à juste titre que la diva de l’Afro a ouvert son spectacle par les notes de « Mboa », un des onze titres de son premier album, « looking there ». Il est 20 heures 30 minutes à l’Institut français du Cameroun de Douala. Dans une salle comble, Kaïssa révèle le visage qui cache, sa puissante et énergique voix. Elle est drapée dans une longue robe de couleur orange qui expose sur une fente du côté gauche, sa jambe de gazelle. Orné de motifs et accessoires africains, tout comme ses tresses, elle a les allures d’une reine africaine, dressée sur ses chaussures hautes.
Pour l’accompagner pendant 1 heure 30 minutes de spectacle, un trio au chœur, Gaëlle Wondjè, Bibiane Sadey et Patrice Essomè. Arthur Manga assure à la guitare basse, Denis Moussinga aux claviers, Martien Oyono aux guitares et Haoussa Drums à la batterie. Ces derniers sont tous vêtus de blanc. Signe de joie et de peine à la fois, selon l’artiste. Une joie retrouvée après ce premier contact avec les siens et de la peine parce que ce soir-là, Kaïssa a rendu hommage à sa défunte sœur ainée, Denise Kotto Mpacko née Moulongo Doumbè à qui elle a dédié son deuxième album, « i am so happy ».
Un hommage qui ne s’est pas fait sans larmes. Surtout que pendant l’exécution de cette chanson, des photos de celle-ci étaient projetées en fond ; accompagnées de celles de leur père, Maurice Moulongo Doumbè, décédé le 18 octobre 1994. Se ressaisissant un moment, elle déclare, « j’ai décidé de les célébrer dans la joie parce que je garde de très beaux souvenirs d’eux. Pardon de vous avoir fait pleurer mais je voulais partager mes émotions de manière sincère avec vous ».
Makala ma mbasi
L’autre moment fort de cette première prestation de Kaïssa en terre camerounaise, a été marqué par la dénonciation de la pratique de l’excision. Sous un air empreint de sonorités mandingue et d’onomatopées Bantu intitulé « Fanta », l’artiste condamne avec force cette tradition vicieuse qui, selon elle, vise à réduire l’autre. La même peine se ressent dans « djé », une chanson qui plaint les amis ingrats. C’est encore le cœur qui parle dans « oa » (toi en langue Duala), cette personne à qui elle avait donné son cœur et qui lui avait promis l’amour éternel mais qui un jour, s’en est allée. Sans transition, de la joie presque débordante comme indique le thème de cette tournée camerounaise. Avec les titres, « to ndje », « Eyala », « Nengue dipita », « mamelodi », « Alea so », etc. mais surtout « makala ma nbasi » (beignets de maïs en langue duala). Souvenirs de moments chaleureux de son enfance passée au Cameroun jusqu’à l’âge de 13 ans où elle s’envole pour la France. 22 heures pile. Kaïssa qui s’est changée pendant l’intermède de Gaëlle Wondjè, prend congé du public qui en redemande.
Vendredi 19 octobre 2012, l’histoire s’est répétée avec un autre concert dans la même salle. Samedi 20 octobre aussi, les Yaoundéens se sont trémoussés au rythme de la prestation de Kaïssa Doumbè Moulongo qui promet de revenir pour partager ses émotions avec d’autres régions du pays qu’elle aimerait bien explorer. L’ironie du sort s’est enfin réparée pour elle !
Par Adeline TCHOUAKAK (Le Messager)