mercredi 23 février 2011
Pour plus de compréhension sur le meeting programmé demain à l’instigation des ‘partis de la Convergence ’, nous nous sommes rapprochés de Jean Michel Nintcheu, leader provincial du Sdf, la principal force de cet étrange regroupement qui comprend entre autres le Manidem, le Pds, la Nodyna , mais aussi des personnalités ‘indépendantes’ comme Kah Wallah.
Avez-vous eu l’aval de la hiérarchie nationale du SDF pour organiser cette semaine de martyrs en collaboration avec d’autres leaders d’opinions et formations politiques ?
Je fais tout ce qui ne m’est pas interdit. Souvenez vous, le 23 février 2008, c’est ma circonscription qui avait seule organisée un meeting pour s’opposer à la manipulation constitutionnelle. C’est là qu’il y a eu les premiers morts suivis peu à près par d’autres victimes, avec les émeutes de la faim du 28 février 2008. Certes, il y avait eu controverse de la part de certains camarades, élus du parti à Douala, qui avaient pris fait et cause pour l’administration, disant que le Sdf n’assume pas cette initiative. Mais vu le succès de ce meeting, mon parti a fini par l’adopter. La preuve, c’est le chairman qui a personnellement annoncé le meeting de demain. Je suis donc allé vers les autres ‘partis de la convergence’ afin que nous travaillions ensemble car l’union fait la force.
Est-ce une sorte de ‘union pour le changement’ du bon vieux temps, avec les résultats que l’on connaît ? Quel est votre objectif ?
Face au pouvoir dictatorial de Yaoundé, les partis qui ont une espèce de proximité idéologique doivent se mettre ensemble jusqu’au départ de Monsieur Biya, soit par les urnes soit par la rue. Mais je ne crois pas aux urnes avec un gardien de but Rdpc dans nos buts. C’est une voie sans issue. Il ne nous reste donc que la rue et le contexte international s’y prête. Les tunisiens ou les égyptiens ne sont pas plus intelligents, plus courageux ou plus déterminés que nous…
Avez-vous l’impression que la rue arabe a gagné sa révolution ? C’est toujours le même système qui est en place…
Ecoutez, en Tunisie, Ben Ali avait laminé la classe politique en prétextant que les opposants veulent installer l’intégrisme islamique. Aujourd’hui nous pensons que la révolution est à son terme parce que le parti au pouvoir a été dissous et que l’icône principale a pris la fuite. La demande d’extradition du président déchu marque la rupture totale avec le passé. Vous verrez, si Biya tombe, il y aura des retournements de vestes spectaculaires…
Votre objectif est donc la chute de Biya, mais pas du système ? Avez-vous déjà choisi l’homme miracle qui changera le Cameroun d’un coup de bâton magique ?
L’objectif premier est la chute de Biya. C’est déjà tout un programme. Ensuite les forces de progrès verront comment gérer la transition qui devra mettre à plat toutes les institutions devenues obsolètes. Nous pensons comme Barack Obama qu’il nous faut des institutions fortes et crédibles et non des hommes forts. Celui à qui le peuple fera confiance après la période de transitions et les élections, pourra alors dérouler son programme.
Donc la violence de la rue est votre moyen d’arriver au pouvoir ?
Il ne s’agit pas d’arriver au pouvoir pour y arriver. Nous devons nous débarrasser de Biya et du système. Notre démarche est pacifique. Nous avons déclaré le meeting de demain conformément à la réglementation en vigueur. C’est l’occasion pour moi d’inviter les forces de sécurité d’observer une réserve républicaine. L’armée est l’émanation du peuple et non d’un régime.
Quelles sont les articulations de cette semaine de martyr ?
Hier nous avons rendu visite aux victimes et familles de victimes des émeutes de 2008. Demain nous avons un meeting à la sale des fêtes d’Akwa à Douala ; le 24 février, nous tenons une assemblée générale pour création de la fondation des martyrs qui sera une association d’assistance aux victimes des exactions des forces de l’ordre. Il faut dire que jamais, le gouvernement n’a pensé aux différentes victimes des mouvements qui ont eu lieu a douala et au Cameroun. A titre d’exemple, la Tunisie et l’Egypte ont débloqué de l’aide a concurrence de cent milliard chacun pour venir en aide aux victimes des soulèvements qui ont eu lieu dans ces pays.
Propos recueillis par Edking(Le Messager)