mardi 22 février 2011
Journaliste à Africa 24 et correspondant de Le Messager en Europe, il plante le décor des conférences dédicaces de ses deux essais publiés par L’Harmattan, qui se tiendront à Yaoundé et à Douala en semaine.
Qu’est-ce qui justifie votre présence au Cameroun ?
Ecoutez, je suis au Cameroun d’abord parce que c’est mon pays ; et que vivant à, j’ai besoin de venir au milieu des miens pour me ressourcer. Et plus particulièrement, parce que depuis plusieurs mois, j’ai commis deux ouvrages sur les émeutes de la faim en Afrique et au Cameroun. Il y a une double cérémonie de dédicace prévue à Yaoundé et à Douala en semaine..
Quelle lecture faites-vous entre ce qui se passe en ce moment au Maghreb et la réalité que vous décrivez dans vos ouvrages ?
On pourrait penser que ces ouvrages sont prémonitoires si on était au fait des pogroms, des prémices qui allaient pousser la situation à s’envenimer. Si on est au fait des signaux qui sont allumés de part et d’autres, on ne saurait être surpris de la situation que ces pays vivent aujourd’hui. C’est-à-dire qu’un peuple qui a une bonne partie de sa jeunesse diplômée et formée et sans emploi. Donc condamné au système “ D ”, un peuple qui est sous la férule d’un régime qui ne se préoccupe du bien-être de la majorité de la population, mais plutôt du bien-être de son petit clan, à un moment donné, comme une cocotte minute, la soupape saute.
Ces ouvrages ont été commis en 2010, pourquoi avoir choisi ce moment précis ?
Evidemment, il y a un lien d’actualité, nous sommes en février. A cette époque, je travaillais comme chef du service société au journal Le Messager. Ce qui m’a donné le privilège de vivre ces événements sur le terrain. J’ai également eu l’honneur de coordonner l’ensemble du traitement rédactionnel de ces émeutes qui n’avaient pas seulement eu lieu à Yaoundé ou à Douala mais un peu partout sur l’étendue du territoire. Et compte tenu de ce que j’ai vécu à Douala, en termes de pertes en vies humaines, j’ai décidé de ne pas me taire.
Le titre de l’une de vos publications est fort évocateur ; “ Cameroun un volcan en sommeil ”, pensez-vous qu’au Cameroun, la révolution viendra par la rue ?
En tant qu’observateur du développement de la cité au Cameroun voire ailleurs, si les dirigeants de quelque pays que ce soit ne prennent pas la mesure du cri des peuples, ceux-ci finissent par se retourner contre ces dirigeants-là. En ce moment-là, l’échec de la gestion, la mauvaise gouvernance ou alors l’échec même du régime interpelle non seulement ledit régime mais la communauté toute entière. Car c’est l’image du pays qui se trouve travestie par ces dirigeants qui n’ont pas su mener à bon port ce bateau que le peuple leur a confié. Mais le Cameroun, comme qui dirait, c’est le Cameroun (rires). On a un pays magnifique et complexe à la fois. Tout peut arriver comme tout ne peut pas arriver forcément comme ailleurs. Personne.
Propos recueillis par Jacques Willy NTOUAL(Le Messager)