vendredi 23 juillet 2010
La nouvelle est tombée dans la matinée du jeudi 22 juillet 2010. L’artiste musicien Jean Bikoko Aladin est décédé à l’hôpital Central de Yaoundé des suites de maladies. Aux environs de 13h30 lorsque le reporter de Le Messager arrive dans cette formation sanitaire où le père de l’assiko vient de succomber, presque plus rien ne subsiste du drame qui vient de frapper sa famille biologique et la grande famille de la culture.
Toutefois selon des témoignages recueillis sur place, Jean Bikoko Aladin qui y a été conduit par sa famille la veille souffrait d’une hernie. Il a été reçu au service de réanimation. La prise en charge, soutient notre source, qui l’a vu hier se rendre au service de radiologie pour des examens, a bien commencé. Mais « apparemment, il est arrivé très tard au regard de l’avancée de sa maladie. Vous savez, il était aussi déjà âgé », tient-elle à préciser. Des détails que très souvent affectée, on ne perçoit pas quand on a perdu un être cher. Agé ou pas, ça fait toujours très mal de voir quelqu’un qui a compté pour vous partir.
Auteur, compositeur et interprète, Jean Bikoko Aladin est né en 1939 à Eséka département du Nyong-ekelle. Pour les observateurs de la vie culturelle du pays, il a largement contribué à la popularisation de l’assiko du Cameroun. Sa virtuosité et sa technique de jeu de guitare lui ont valu son surnom de « sorcier de la guitare ». Instrument dont il tombe amoureux en écoutant des virtuoses de la commune forestière de Bonepoupa tel : Henri Hiag, Massing et surtout Albert Dikoumé considéré comme l’un des précurseurs de l’assiko contemporain. Jean Bikoko Aladin travaille comme ouvrier le jour et la nuit, muni de sa guitare anime les cabarets et bars du village. Sa rencontre avec le virtuose de la guitare Alexandre Ekong, une grande vedette qui passe souvent à Radio Douala, va changer sa vie. En suivant ses conseils, Jean Bikoko Aladin va pour la première fois interpréter sur les ondes, « Mbimba » (l’aura) et « Koo wada a man lolo » (les petits pas du caneton) en bassa (sa langue). C’est le succès immédiat et le début d’une renommée nationale. Le producteur Joseph Tamla de « Afrique Ambiance » et l’ingénieur du son Samuel Mpoual le prennent sous leurs ailes. Quelques mois plus tard, ils produisent son premier 45 tours. Jean Bikoko Aladin perçoit ses premiers droits d’auteur s’élevant à 300.000 F cfa. Nous sommes à la fin des années 1950.
Son album, « Wanda ntet », paru en 1969 contribuera énormément à la diffusion de l’assiko sur la scène internationale. Compositeur de l’assiko moderne, il est reconnu comme le maître de nombreux artistes dont Asta Djimbé Ngo-Oun Touk, Sam Babe, Samson Chaud Gars, Anny Gold, Anatole Duro, Défense, Mongo Mbea, Viviane Etienne, Paul Balomog et bien d’autres.
Par Nadege Christelle Bowa(Le Messager)