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Jean-Baptiste Sipa : “L’aide à la presse est un acte personnel de M. Biya”

mercredi 4 mai 2011


Le chef du projet “Plaidoyer pour une subvention publique à la presse”, mené par le syndicat des journalistes employés du Cameroun (Sjec) se prononce sur l’environnement médiatique camerounais.

Trois ans après la signature de la convention collective, elle n’est toujours pas appliquée…

On ne peut pas affirmer globalement que la convention n’est pas appliquée, car il existe des entreprises dans lesquelles quelques efforts sont faits. Je ne prendrai que le cas du Messager , celui que je connais le mieux, mais en sachant qu’il y a d’autres cas où à ce jour il n’y a pas un journaliste touchant moins de cent mille Fcfa de salaire…

C’est ce que prévoit la convention collective ?

La convention dit que le salaire d’un journaliste débutant est de cent quinze mille (115.000) Fcfa. Mais comme on sait d’où vient Le Messager, je crois qu’il faut reconnaître que l’effort de fixer le plancher à cent mille (100.000) Fcfa est louable. 100.000 ne sont pas très loin de 115.000 et je suis assez optimiste pour penser que dans un an, nous atteindrons le minimum fixé par la Convention collective. Nous sommes en train d’étudier comment avoir une assurance maladie pour tous les employés du Messager. On ne peut donc dire à priori et de manière globale que la Convention collective n’est pas appliquée. Il y a une volonté de le faire dans un certain nombre d’organes de presse.

Par ailleurs au niveau du Sjec (syndicat des journalistes employés du Cameroun) dont je suis le conseiller, nous menons des actions visant à donner aux organes de presse un statut d’entreprise, afin qu’ils soient en mesure d’appliquer cette convention collective.

C’est donc, d’après vous, l’absence de moyens financiers qui serait à la base du retard accusé dans l’application totale de la convention collective ?

Il y a d’abord les moyens financiers, mais aussi les moyens juridiques. Car très peu d’entreprises de presse sont structurées. Les obligations d’une entreprise ne peuvent pas être celles d’un organe de presse dont tout se réduit à la mallette du directeur de publication. Il faut que les organes de presse deviennent des entreprises. Le handicap financier se trouve dans la précarité. Ils ne peuvent pas accéder à tous les moyens disponibles tant qu’ils n’ont pas un statut d’entreprise. Un organe de presse peut difficilement obtenir un crédit dans une banque. Comme je viens de dire, nous sommes engagés, au niveau du Sjec, dans un plaidoyer pour que l’Etat puisse accorder une subvention publique à la presse. Mais il faut que les organes deviennent de véritables entreprises, car on ne peut pas demander à l’Etat de l’argent du contribuable, pour des organes qui n’ont ni siège ni adresse. Ce serait enrichir des individus, sans résoudre le problème de la précarité des entreprises.

Quelles sont les actions concrètes posées par le mouvement syndical en général et le Sjec en particulier ?

Il faut commencer par l’existence même de la convention collective. Trois syndicats à savoir le Sjec, le syndicat national des journalistes du Cameroun, et le syndicat national de l’audiovisuel public, ont négocié pour aboutir à la signature de la convention collective le 12 novembre 2008. Le Sjec a informé ensuite les autres syndicats de l’action de suivi qu’il allait mener, mais ils n’étaient pas obligés de nous suivre et nous n’étions pas non plus obligés de les attendre alors que des données nous persuadaient

que la convention collective ne pouvait pas être appliquée de manière optimale, et qu’il fallait faire quelque chose pour l’y amener.

Nous avons entamé un plaidoyer qui a consisté à sensibiliser l’Etat sur la précarité du secteur médiatique et ses travailleurs. Cette campagne a abouti à un colloque organisé en février 2010 avec l’appui scientifique de l’Esstic et les actes de ce colloque ont recommandé, entre autre, la proposition d’un texte, d’un dispositif alternatif en remplacement de celui qui existe actuellement.

Autrement dit, la proposition d’un projet de réforme de la législation actuelle sur la communication sociale au Cameroun. La préparation de ce dispositif alternatif est presque terminée. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est d’obtenir avec le Premier ministre un rendez-vous pour lui remettre ce document en primeur. Nous allons aussi nous rapprocher du ministre de la Communication d’un côté, et des parlementaires de l’autre, pour qu’on voie comment notre production peut devenir un projet de loi, ou une proposition de loi.

La convention collective est-elle indispensable au bon fonctionnement des médias au Cameroun ? Est-ce que sans elle la presse est condamnée à disparaître ?

Sans cette convention, je ne vois pas comment la presse peut être viable, parce qu’elle permet qu’entre les entreprises de presse et les travailleurs, il y ait des rapports sains basés sur de bonnes conditions de travail négociées régulièrement et progressivement dans un dialogue social, de manière que le capital financier des organes de presse soit associé au capital intellectuel et humain des travailleurs de la presse, pour donner aux Camerounais une offre d’information saine, crédible et pédagogique capable de contribuer au développement du pays. Si une entreprise de presse ne peut pas contribuer au développement du Cameroun, à l’encrage du processus démocratique, à l’aménagement des conditions de bonheur, elle ne sert à rien et peut effectivement disparaître. Il faut qu’il y ait une collaboration harmonieuse entre les entreprises et les travailleurs de la presse, particulièrement les journalistes qui s’investissent chaque jour. Si on pose un milliard sur la table et qu’il n’y a aucun journaliste sur place, le milliard ne fera pas le journal, il sera dévoré par les insectes et les fourmis, mais le journal ne sera pas sur le marché.

Pourtant des journaux fonctionnent depuis les indépendances sans cette convention.

Oui mais dans ce cas, les relations entre les propriétaires sont des rapports de dominant à dominés, de servitude de l’employé vis-à-vis du patron. Il y a des périodes où les patrons rémunéraient leurs employés avec des petits cadeaux à la fin de l’année ou un plat de bouillon à la fin de la journée. C’est de l’esclavage. C’est totalement différent aujourd’hui même si la Convention collective n’est pas encore appliquée. La Convention est un cadre juridique mis sur pied. Lorsque les organes de presse deviendrons des entreprises, elles seront contraintes de fonctionner comme telles, ou alors de disparaître.

Que pensez-vous de l’aide à la presse telle qu’on la connaît aujourd’hui ?

Ce qu’on appelle aide à la presse aujourd’hui est un acte de magnanimité du président de la République , donc c’est une affaire d’équation personnelle. Le président de la République peut décider de supprimer cette aide car elle n’est pas régie par une loi. De plus elle est dérisoire. Depuis qu’elle existe, elle n’a franchi qu’une seule fois le cap de 200 millions Fcfa. Son montant était de 150 millions Fcfa en 2010. Si vous divisez cette somme même équitablement, aucun organe n’aurait 500 mille Fcfa. Je ne vois pas en quoi cette somme peut aider au fonctionnement d’un organe de presse. Si un patron donne 100.000 Fcfa par mois à ses journalistes, ça fait un salaire de cinq personnes et après ? C’est un argument de propagande politique. Nous voulons plutôt une subvention publique institutionnalisée de l’Etat, fixée par la loi qui garantit et oblige.

Que pensez-vous de la fête internationale du travail ? A quoi sert-elle ?

Ce n’est pas en une journée de la fête du travail qu’on peut prétendre poser des actes pour résoudre les problèmes des travailleurs On n’engraisse pas le porc le jour du marché. Cette journée est pour la méditation sur ce qu’on a fait et sur ce qu’on va faire pour le bien-être des travailleurs, et voir s’il n’y a pas d’amélioration à apporter à son action là où on n’a rien fait avant. Cette journée ne se réduit donc pas au défilé et à faire la publicité des entreprises. C’est une journée de repos et de commémoration des martyrs qui sont morts pour que les travailleurs dans le monde entier puissent bénéficier d’un certain nombre d’avantages. On peut comprendre que les employés qui se sont également organisés en syndicats en profitent pour aller présenter leurs doléances, pas à leurs patrons, mais aux autorités qui sont responsables de la politique du travail dans un pays.

Depuis 1994, les salaires ont été revus de 70% à la baisse. Les syndicats pourraient très bien mettre à profit cette journée du 1er mai pour interpeller le gouvernement sur cet aspect des choses. Comme il y a beaucoup de choses à dire pour ce qui est des bananeraies, des palmeraies du groupe Bolloré, ou les maltraitances de Cotco, Hévécam etc.

Il y a des milliers de Camerounais qui travaillent dans de conditions inhumaines, traités comme des moins que rien. Rien ne sert de travailler si c’est pour être encore plus pauvre.

Le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) au Cameroun est de 28.000 Fcfa alors que dans certains pays voisins comme le Gabon, il est au-delà de 100.000 Fcfa. Ça veut dire que la fonction sociale du salaire n’est pas prise en compte chez nous. Le salaire doit servir à quelque chose. On doit calculer sur le loyer, le transport, les soins médicaux, l’éducation, l’alimentation. Est-ce que l’Etat a fait ces calculs ? Si cette évaluation avait été faite, le Smig ne serait pas de 28.000 Fcfa. En quoi est-ce que nous sommes plus civilisés que les autres si nous ne respectons pas certaines valeurs. Voilà des questions sur lesquels les travailleurs de ce pays, à travers leurs syndicats, doivent réfléchir lors de la fête du 1er mai.

Entretien avec Etame Kouoh

1 Message

  • La convention collective est une initiative conjuguée des syndicats et de l’État pour contraindre les chefs d’entreprises de presse de revaloriser les salaires des agents et journalistes. Si elle tarde à être effective, la faute est aux éditeurs des journaux. Maintenant, malgré la crise la président Paul Biya maintient l’aide à la presse qui n’existe pas dans certaines démocraties. Il faut lui tirer le chapeau au Président de la république et au gouvernement camerounais

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