mercredi 3 février 2010
Situé sur les hauts plateaux de l’Ouest Cameroun, entre d’une part 1400 et 1500 mètres d’altitude et d’autre part entre 11°45’ et 11°50’ de longitude Est et entre 3°50’ et 4°30’ de latitude Nord, le village Bassossia est l’une des principales composantes du groupement Bansoa, chef lieu de l’arrondissement de Penka Michel. Ce village couvre une superficie estimée à 15 km2. Elle a une population de près de 10.000 âmes réparties dans treize quartiers où l’habitat dominant est constitué de maisons en tôles construites en briques de terre. Et Sa Majesté Tchinda Fô so’o ssa III Fidèle qui a succédé à son père en 1999 dirige majestueusement ce village plein d’histoire.
La dynamique population de ce village tire l’essentiel de ses revenus de l’agriculture. Le café arabica, le maïs, l’arachide, le haricot, le soja, le macabo, la pomme de terre, le manioc, les ignames, la banane, l’avocat, le safout et les cultures légumières sont les principales spéculations développées. Le petit élevage des porcins, des ovins, des caprins, des lapins, des cobayes et de la volaille est activement pratiqué. La main d’œuvre est essentiellement familiale. Toutefois, des groupes d’entraide et des équipes de travail existent.
L’organisation socio-traditionnelle du village Bassossia repose sur un ensemble de normes et de valeurs propres à la tradition Bamiléké. Ces normes et valeurs trouvent leur importance dans le souci de vie communautaire et permettent de réguler la vie familiale, économique, politique, culturelle et religieuse. Durant notre séjour à Bassossia nous avons constaté que le mariage sous le régime polygamie est la règle et la monogamie l’exception. Chaque mariage légitime est subordonné à la dot, aux cérémonies consécutives et à la règle diversement de la vie dans le foyer. Les droits d’héritage et de succession sont confondus et l’héritier d’un parent du même sexe n’est pas connu d’avance. Le choix s’opère parmi les fils ou petits fils (quand le défunt n’a pas fait de garçon) chez les hommes et parmi les petites filles chez les femmes. Dans tous les cas, ce choix répond à la volonté du parent défunt. La teneur des cérémonies ou des rites d’intronisation varie avec le niveau de notabilité du parent défunt.
Par ailleurs, il existe dans la semaine traditionnelle des jours sacrés interdits de toute activité humaine (le ‘’Ndu’chu’’), des jours interdits de jeu d’instruments (‘’Kwétsit’’, ‘’Njedju’ku’’ et ‘’Mumetè’’) et les jours sacrés (‘’Nsheida’’). Il faut ajouter d’autres interdits qui aident à réguler les comportements sociaux. Ces normes et valeurs font partie des particularités de Bassossia.
Moins scolarisé, faute d’écoles, le comité de développement du village Bassossia depuis l’arrivée de Monsieur Soh Moumbé à la tête de cet organe en 2009 se bat pour la création d’un CETIC (collège d’enseignement technique industriel et commercial). Ce comité a d’ailleurs récemment envoyé une correspondance au ministre des enseignement secondaires avec en objet « Demande de création d’un CETIC au village Bassossia ». Par contre le peu d’école primaire que compte le village souffre d’un manque chronique de tables bancs et d’enseignants qualifiés.
Force est de noter que ce qui nous a le plus choqué durant notre reportage dans ce petit village du Cameroun, c’est le manque de soin de santé. Un jour ne passe sans qu’on ne note un cas décès dans un coin du village. L’unique centre de santé intégré crée depuis janvier 1999 manque d’équipements médicaux au sens large du terme. L’absence des points d’eau potable constitue une menace permanente de santé publique et notamment un facteur de risque majeur des maladies hydriques.
Par Duvalier Kamdoum Soh à Bassossia
duvaliersoh@yahoo.fr