mardi 23 juin 2009
L’Autorité aéronautique soutient que le Boeing 767-300 a quitté Douala sans permis de convoyage.
Qui a autorisé le départ du Cameroun, dimanche 21 juin dernier, du Boeing 767-300 baptisé Le Dja ? La question est revenue sur la table dans divers bureau du ministère des Transports au cours de la pluvieuse journée d’hier à Yaoundé. Mais plus que dans ce département ministériel, réunie hier pour évaluer le rapport du vol d’essais dont le permis a été délivré la semaine dernière, l’équipe d’experts de l’Autorité aéronautique en charge de la question s’est émue de ce que Le Dja se soit envolé sans les certifications requises. Le permis de convoyage notamment.
C’est en tout cas la substance de la correspondance adressée par cette agence de régulation au ministère des Transports au cours de la journée d’hier lundi. Selon des indiscrétions à l’Autorité aéronautique, le courrier parvenu au ministère de tutelle hier, en plus d’attirer l’attention, "vise à prémunir cet organisme contre d’éventuelles manquements au cas où…". Car, soutient une source interne, avant le départ de dimanche dernier, l’avion a bénéficié d’un permis d’essais.
Celui-ci autorise l’équipage allemand de l’aéronef à effectuer un vol d’essais au dessus du Cameroun ou tout au plus, de ses voisins. C’est ce qui s’est passé en fin de semaine dernière au dessus de Douala. Hier était prévue une séance d’évaluation du rapport dudit vol pour que "si satisfaisant, l’on puisse délivrer le permis de convoyage (appelé "release" en termes techniques) qui couvre l’avion dans ces conditions au départ comme au retour de son dépannage. Sans permis de convoyage, l’avion n’est pas couvert. Il ne doit au départ comme à son retour, transporter ni bagages ni passagers".
En attendant de savoir pourquoi et qui a pris la décision de contourner la procédure, et en l’absence du ministre des Transports, Gounoko Haounaye qui regagne le Cameroun ce mardi au terme d’un séjour à l’étranger, aucune réponse exacte n’a pu être donné sur cette autorisation auprès des autorités gouvernementales. Cependant, approché, un responsable de la division de l’Aviation civile au ministère des Transports à laissé dire que la situation déplorée ne pose pas de problème dès lors que le Dja "est bien arrivé et que les techniciens ont commencé le travail".
Une attitude battue en brèche par un autre technicien de l’Autorité aéronautique ayant requis l’anonymat. Pour cette source, "le défaut de cette certification ne veut pas dire que l’avion ne peut pas quitter le sol camerounais. Mais qu’il n’est pas autorisé à le quitter. Toutefois, comme c’est le cas, les gens peuvent passer outre. Mais à ce moment là, en cas de problème, ils doivent assumer. Bien plus, si un tel manquement était révélé, l’Irlande peut saisir l’appareil. Tout comme les pays survolés peuvent poursuivre le Cameroun, pour avoir mis en danger leurs populations. C’est exactement comme si vous vous mettiez en route avec un véhicule sans police d’assurance".
Le Boeing 767-300 de l’ex Cameroon Airlines (Camair) a quitté Douala dimanche après-midi sous le regard du ministre des Finances, Essimi Menye. Le Dja s’en est allé pour un mois de maintenance en Irlande. Pour cette opération, le gouvernement camerounais a déboursé près de 500 millions de Fcfa. Cloué au sol depuis mars 2008, le Dja était sous l’assistance régulière de certains techniciens camerounais. L’appareil est devenu la propriété de l’Etat du Cameroun, après que le gouvernement camerounais a conclu un accord d’achat d’environ 35 milliards Fcfa avec son propriétaire initiale.
Par Léger Ntiga(Mutations)