samedi 10 septembre 2011
La communauté camerounaise de cette ville située dans l’Etat de pennsylvanie au pays de l’Oncle Sam se retrouve institutionnellement une fois par mois et chaque fois que se produit un événement heureux ou malheureux concernant un de ses membres.
En cette nuit du samedi 3 septembre 2011, il est un peu plus de minuit. La réunion statutaire mensuelle de l’Association des ressortissants camerounais de Harrisburg (Arcah) en Pennsylvanie aux Etats-Unis, pour le compte de ce mois, tire vers sa fin. René Ngué, secrétaire général de l’Arcah, annonce le sixième et dernier point de l’ordre du jour : divers. Pour cette séance qui se déroule au domicile de Romuald Kamga Chatue le président de l’Arcah, est prévu un seul divers, inscrit au programme par Celestin Bedzigui, homme politique camerounais installé dans cette ville américaine. Président d’honneur de l’Arcah, Celestin Bedzigui que les compatriotes (hommes et femmes) appellent ici affectueusement "Doyen" ou "Prési", se lève. Avec en mains deux cannes en bois sculptées et un chapeau traditionnel pour roi ou notable sur la tête, il s’avance et s’immobilise en plein centre de la salle de réunion.
Les regards de la cinquantaine de personnes présentes sont tous rivés vers le Chairman de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Global democratic Project, Usa. Celestin Bedzigui invite vers lui le président général de l’Arcah, pour des rites. En fait, Romuald Kamga Chatue est, depuis moins d’une semaine, père de jumeaux (un garçon et une fille) ; une grande fierté pour la communauté camerounaise de Harrisburg. Faisant valoir ses attributs de chef traditionnel dans le département de la Lekié, région du Centre au Cameroun, Celestin Bedzigui déclare : " Je suis heureux d’être parmi vous ce soir. Vous savez bien que je n’ai pas toujours eu le temps d’être là. Mais, je ne pouvais pas manquer à cette séance de réunion parce qu’en tant que doyen de notre communauté dans cette ville et chef traditionnel, je dois sacrifier à un rituel pour la venue parmi nous des jumeaux du président général Romuald Kamga Chatue."
Rites d’adoubement
Après avoir parlé aux dieux et à l’assistance en Eton, le président d’honneur de l’Arcah asperge à quatre reprises (deux fois sur le ventre et deux fois au dos) Romuald Kamga Chatue, de l’eau qu’il avait préalablement mis dans sa bouche. Puis, il remet au nouveau "Teku" (encore appelé Tagne pour désigner le père des jumeaux) une des deux cannes qu’il possédaient. "Le bon Dieu, en t’élevant au titre de notabilité par tes jumeaux, confirme là que ton poste de président général de l’Arcah n’est pas usurpé. Tu le mérites et, en te remettant ce bâton de commandement, je te transfère mes pouvoirs, que tu exerceras au sein de la communauté camerounaise de Harrisburg ; evidemment en mon absence (rires dans la salle)", déclare Celestin Bedzigui. Adoubé, le président général de l"Arcah reçoit des "kolas Bafia" et "Mbita kolas" venus directement du Cameroun.
Ces rites s’achèvent par la distribution, à l’assistance, des kolas. En commençant par le président du Conseil des sages de l’association, Olivier Ondoua. Suivront, le repas (des mets typiquement camerounais) et des débats houleux sur le football, opium du peuple camerounais. Tout part de la victoire des Lions Indomptables sur l’Ile Maurice 5 buts à 0 ce samedi là. Cinq buts dont un seul de Samuel Eto’o Fils, de surcroit sur pénalty. Pour les uns, le capitaine des Lions Indomptables ne se donne pas à fond quand il joue pour le Cameroun et est au centre de tout le désordre enregistré ces dernières années en équipe nationale de football. Les autres pensent que c’est parce qu’il n’est pas bien entouré chez les Lions Indomptables qu’il ne parvient pas à démontrer toute l’étendue de son talent. Puis, les plus âgés évoquent Roger Milla qui, selon eux, est le plus grand footballeur camerounais de tous les temps. Cela devient alors un débat contradictoire entre pro Eto’o et pro Milla ; aucun des deux camps n’acceptant de fléchir. Ce, jusqu’à 5h au petit matin du dimanche 4 septembre 2011.
Outre ce débat portant sur le football, un autre, qui malheureusement a été bref, a porté sur la prochaine élection présidentielle au Cameroun. Celui-ci n’a pas été aussi houleux parce que les uns et les autres (originaires de toutes les dix régions du Cameroun) avaient des positions convergentes. Dabord sur le fait que Paul Biya s’en fout des Camerounais et de son parti le Rdpc, ensuite sur le tribalisme d’Etat au Cameroun révélé par un cable de Wikileas sur Amadou Ali, et enfin sur l’envie de Paul Biya de s’éterniser et mourir au pouvoir avec l’aide de ses affidés et autres sycophantes.
Honoré FOIMOUKOMà Harrisburg (Pennsylvanie)
aux Etats-Unis(Le Messager)