lundi 4 avril 2011
Le directeur de publication de “ L’Actu Sport ”, hebdomadaire sportif dont la première édition a paru le 22 mars 2011, affirme que le capitaine des Lions Indomptables n’est pas le financier de son projet éditorial.
Monsieur Emmanuel Gustave Samnick, vous êtes ancien directeur de publication du journal Ndamba. Vous avez décidé de quitter la South media corporation il y a trois mois. Mais, jusqu’ici on a toujours du mal à comprendre les raisons pour lesquelles vous vous êtes séparé de ce groupe de presse. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de manière succincte ce qui s’est passé ?
Il ne faut pas chercher outre mesure les raisons de mon départ. Je pense que c’est l’évolution normale des hommes de changer de cap à certains moments de la vie. Pour faire court, disons que je suis arrivé à un niveau où je ne partageais plus certains choix, notamment managériaux, avec mon employeur. C’est pour cela que j’ai décidé de partir. Donc, d’un point de vue personnel, je ne me sentais plus à l’aise. Je suis donc parti. Mais, sans qu’il y ait un conflit. Il s’agissait donc de convenances personnelles.
A peine trois mois après votre départ, vous créez un hebdomadaire. D’aucuns pensent que c’est une manière pour vous de démontrer vos capacités managériales à votre ancien employeur…
Non. Vous faites fausse route : je n’ai aucune rancœur contre mes anciens associés qui restent d’ailleurs des amis pour la plupart. Je n’ai rien à prouver à qui que ce soit. J’ai choisi le métier de journaliste. Dieu m’a permis de le faire depuis deux décennies. Je veux juste continuer à exercer ce métier que j’ai aimé dès l’enfance. Maintenant, comment le faire ? Etant à la South média corporation, je collaborais avec des organes de presse, des structures à l’étranger. Mais, je pense que je peux aussi participer à l’édification d’une presse camerounaise forte, de qualité. Parce que j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de titres de journaux au Cameroun, mais il n’y a pas beaucoup de journaux de qualité. Donc je pense que je peux apporter quelque chose dans ce domaine. En tout cas, je l’ai déjà fait dans la South media corporation et je veux continuer à le faire. Donc, il n’y a pas de revanche à prendre, il n’y a pas d’exhibition à faire. Je suis juste ma destinée professionnelle.
Justement, s’agissant de ces projets éditoriaux, de quand est-ce qu’ils datent : d’avant ou d’après la rupture avec la South media corporation ?
Je suis parti au moment où je ne me sentais plus à l’aise, c’est-à-dire en fin d’année dernière [il a déposé sa démission à la Smc le 31 décembre 2010, Ndlr]. J’ai commencé à réfléchir pour savoir si je devais continuer à rester là, ou si je devais faire autre chose. Je me suis demandé si je devais aller postuler à un poste dans un organisme à l’étranger, ou revenir dans la fonction publique puisque je suis fonctionnaire au départ. Finalement, c’est là où le projet de bâtir un groupe de presse est né. Mais, je dois dire que pour créer un journal ce n’est pas un fait extraordinaire. A la South media corporation, j’ai créé Ndamba. Avant cela j’avais déjà créé Cameroun Football. J’ai monté d’autres projets pour d’autres personnes, parfois rémunérés, parfois à titre gracieux. Donc, je pense que je suis dans mon élément quand je parle de journalisme. Il n’y a pas une préparation extraordinaire à faire, si ce n’est sur les plans matériel et financier, car c’est souvent à ces niveaux que l’on rencontre souvent des difficultés.
En quelque deux ou trois mois vous lancez un hebdo. Et vous vous apprêtez à lancer un quotidien. Qu’est-ce qui peut encourager un homme qui connaît très bien les difficultés rencontrées par les organes de presse au Cameroun à se lancer dans un pareil projet ?
D’abord, je tire profit de mon expérience à la South media corporation qui est à ma connaissance le premier groupe de presse privé, bâti comme tel, au Cameroun. Pour dire que l’on peut aussi bâtir un groupe de presse et réussir à le faire fonctionner. Je pense que pour l’appliquer dans notre projet, j’essaierai de corriger ce que j’avais observé de mauvais. De toutes les façons, je pense qu’un pays ne peut pas vivre sans journaux, même si on connaît toutes les difficultés. D’abord, je ne suis pas un homme d’affaires au départ. J’ai réuni des amis autour de ce projet qui m’ont dit être d’accord. Nous avons constitué un capital social pour faire démarrer la société anonyme à responsabilité limité qui s’appelle “ News page group ”. C’est cette société qui va faire éditer les deux journaux, pour le départ. Bien entendu, en voyant comment nous allons élargir pour d’autres publications. C’est ainsi que nous nous sommes organisés, sur la base que l’union fait la force.
Vous parlez de certains amis, certains associés pour créer la News page group. Certaines langues croient savoir que vous seriez soutenu financièrement par Samuel Eto’o Fils au regard des affinités que vous avez avec lui…
Les Camerounais aiment bien la facilité, surtout les journalistes de la nouvelle génération. Ils prennent souvent leurs impressions pour de la réalité. Et je suis content que vous soyez venu me poser cette question. Mais, je vous ai dit que nous étions une société anonyme à responsabilité limité. Vous savez que la loi au Cameroun oblige une entreprise en création de faire une annonce légale. Donc, dans les prochains jours, nous allons publier par les canaux légaux les noms des associés de notre entreprise. Et dans cette liste, vous ne verrez personne que vous citez. Personne n’est derrière cette initiative personnelle, pas même Eto’o. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis dans le monde de la communication, du sport et un peu partout. Mais, tous ceux qui sont mes amis ne vont pas participe à cette aventure. Surtout pour ne pas donner l’occasion à mes détracteurs de me tirer dessus. Quand vous verrez la liste des actionnaires au départ, peut-être que vous ne reconnaîtrez pas une seule personne. Je puis déjà vous dire que nous sommes quatre au départ : trois journalistes, dont moi, et un homme d’affaires camerounais. Mais, d’ici la fin d’année, nous comptons avoir un panel de vingt associés, parce que c’est un actionnariat large. Nous voulons vraiment faire quelque chose de dense pour ceux qui comprennent. Maintenant, ceux qui viennent en aventure et utiliser le journal pour régler leurs comptes ne sont pas les bienvenus. Nous voulons bâtir une entreprise qui publie des journaux professionnels, qui traitent l’information dans les canons du métier, avec une place de choix à la qualité de l’écriture, à la qualité de l’information. Et que ceux qui viendront ne soient pas pressés pour ce qui est des retombées pécuniaires. Raison d’ailleurs pour laquelle nous avons attendu un peu pour voir. Mais, nous ne pouvions pas attendre éternellement et nous avons lancé notre projet. Nous savons que les débuts seront difficiles, mais j’ai foi en ce projet et en les amis qui m’accompagnent.
Les débuts sont certainement difficiles. Mais, peut-on savoir les moyens dont vous disposez en ce moment ?
Au niveau administratif, tout est bouclé. Au niveau matériel, nous avons pris nos bureaux situés à l’entrée du commissariat du 8e arrondissement au quartier Tsinga et nous les avons loués un an à l’avance. Notre équipe est constituée d’une quinzaine de journalistes. Nous avons pris essentiellement des jeunes qui commencent le métier, parce que nous ne voulions pas des vedettes qui auraient été exigeants non seulement sur le plan matériel, mais également sur le plan éditorial. Nous voulions des jeunes qui vont intégrer l’esprit du journal que nous voulons mettre en place. Nous avons trois ou quatre journalistes d’expérience qui ont fait leurs classes ici et là, et qui vont nous rejoindre.
Nous avons commencé par l’hebdomadaire sportif “ L’Actu Sport ” [première édition sortie le 22 mars 2011, Ndlr]. Et en mi avril, nous allons poursuivre avec le quotidien d’informations générales. Nous avons constitué un capital social, les associés ont mis leur argent et ils continuent à le mettre. C’est vrai, nous n’avons pas de jet privé, mais je pense que nous allons faire un bon journal.
Cet hebdomadaire, un autre journal sportif que vous créez. Mais, est-ce qu’il ne va pas faire comme beaucoup d’autres : parler essentiellement de football. Quelle est la ligne qui sous-tend votre projet éditorial ?
L’hebdomadaire sportif, comme son nom l’indique si bien, concerne toute l’actualité sportive. Tout ce qui est sport et qui concerne tous les Camerounais. Il sort tous les mardis. Quand au quotidien que nous projetons, il va s’appeler tout simplement L’Actu et il va traiter simplement de l’actualité générale. S’agissant de la ligne éditoriale proprement dite, nous voulons faire des publications professionnelles, c’est-à-dire donner l’information sans parti pris, en respectant les canons du métier. Et l’exigence que nous voulons implémenter c’est la qualité des écrits et la qualité des impressions.
C’est une ambition. Nous avons pensé qu’il faut voir grand avant de réaliser au moins le minimum. Raison pour laquelle nous avons pensé à lancer ces titres. C’est notre ambition. Maintenant, est-ce qu’elle sera réalisée ou pas ? C’est le terrain qui nous le dira. Et puis, nous sommes là pour réfléchir, pour nous réajuster en tant que de besoin. Pour l’instant, nous tenons le bon bout. Nous publions déjà l’hebdomadaire, et bientôt nous allons publier le quotidien.
Au regard de ce qui se passe dans le monde du sport au Cameroun, on s’interroge quelque peu sur la capacité de votre journal à échapper à certaines “ pressions ”, étant donné que vous promettez vous en tenir uniquement à l’information. Voulez-vous nous faire comprendre que L’Actu Sport ne va pas rentrer dans les guerres de positionnement que l’on connaît trop souvent au Cameroun dans les milieux du sport ?
Nous sommes là pour traiter de l’actualité du sport. Le sport se déroule sur les terrains. Nous connaissons à l’avance les activités sportives. Ce sera cela la source de notre travail. Maintenant il y a les à côtés. On ne va pas les ignorer. Il y a l’administration du sport avec souvent les batailles que vous soulevez. Mais, c’est la périphérie pour nous. Ce n’est pas l’essentiel de nos informations. Nous allons nous pencher sur les faits. Maintenant, est-ce qu’on aime tel ou on n’aime pas tel, ce n’est pas ce qui nous intéresse. En tout cas, nos supports ne seront pas un réceptacle des guerres de caniveaux. Ce qui méritera d’être porté à l’attention du public, que ce soit un scandale ou une bataille comme vous le dites, le sera. Mais notre objectif ne sera pas d’aller chercher les poux sur la tête des gens, comme vous avez commencé à me poser la question du financement par Eto’o de notre projet. Il y a les journaux sérieux, il y en a qui aiment savoir avec quelle fille Beckham a dormi. Il faut juste faire le discernement. Si des scandales se déroulent pendant l’activité sportive, comme un joueur pris avec de l’argent dans les chaussettes, on en parle puisque c’est un fait en marge de l’activité sportive concernée. Si les joueurs ont bagarré dans les vestiaires, on en parle. Mais, s’il s’agit de dire que tel n’aime pas tel, nous ne sommes dans cette optique.
Après l’hebdomadaire, le quotidien, à quoi devrons nous nous attendre ?
Nous ne nous donnons pas de limite. Nous commençons avec ces deux publications, et après nous verrons de quoi est fait demain. Ce sera en fonction des réalités sur le terrain, des besoins du public, de la volonté des associés au projet. Nous sommes dans le monde de la presse et nous allons tout faire pour y rester le plus longtemps que possible, en fonction des opportunités et des possibilités qui se présenteront à nous.
Pour Entretien avec Alain NOAH AWANA(Le Messager)