mardi 3 avril 2012
Un administrateur dans son droit de contrôle, charge la Pca par voie de sommation interpellative commise par un huissier de justice de justifier des pertes cumulées de l’ordre de 200 millions de Fcfa, d’un passif de 300 millions de FCFA, des comptes mandats non certifiés ni approuvés en conseil d’administration ou Assemblée générale, des fonds destinés aux artistes partiellement reversés et d’autres actes délictueux. La Pca sert à ce dernier, une demande d’explication. Colère dans tous les sens. Cette énième frasque de la Pca risque fort bien de l’entrainer dans les geôles de la prison de Kondengui, délaissée désormais par le ministre des Arts et de la Culture qui ne veut pas se salir dans cette affaire.
Evocation.
L’affaire commence le 05 septembre 2011, lorsqu’un membre du conseil d’administration de la SOCAM par sommation interpellative adressée à madame Odile Ngaska, Pca de la dite structure via Etude Me Ebode Raphaël avec copie à madame Ama Tutu Muna le ministre des Arts et de la culture et la Commission Permanente de Médiation et de Contrôle des Organismes de Gestion (CPMC) écrit en substance : « J’ai l’honneur de vous informer que, contre toute attente, des faits d’une gravité extrême ont été portés à ma connaissance, notamment que la Socam serait dans une impasse financière avec une perte cumulée de plus de 200 millions de francs Cfa et un passif colossal de plus de 300 millions de francs CFA, et que les comptes mandats venus à expiration en 2011 auraient été ni certifiés ni même approuvés en conseil d’administration ou, a fortiori en Assemblée Générale. » Dans le même sillage, l’administrateur éberlué constate que : « les fonds destinés aux ayants droit n’auraient que très partiellement été reversés, l’essentiel des ressources ayant été affecté au fonctionnement, notamment en raison des effectifs pléthoriques injustifiables et de prises en charge des frais indus. » Et l’homme conclut : « Ce qui est d’autant plus grave est qu’il s’agit là d’une intolérable atteinte a la raison d’être de la Socam ».
D’autres faits sont cités, et fatalement étalés comme la conséquence directe d’une accumulation d’actes anormaux, voire délictueux de gestion... Puis vient la terrible conclusion. Le membre de du conseil d’administration édulcoré fait relever à son patron ce qui suit : « Force est de constater que vous m’avez dissimulé la réalité de la situation de la Socam qui, c’est le moins qu’on puisse dire, est gravement compromise, au sens des dispositions relatives à la banqueroute frauduleuse. De sorte que tout silence de ma part constituerait désormais un délit de recel, voire de complicité, de la dite banqueroute, en plus de lourde responsabilité qui pèse déjà sur ma personne au titre de la solidarité entre administrateurs ». L’affaire se gâte et le collègue d’Odile Ngaska termine : « à titre conservatoire, j’entends donc user du droit de contrôle que me confère ma qualité d’administrateur en vous demandant de bien vouloir me fournir, par retour de courrier tout élément d’ordre administratif et financier me permettant d’une part, de vérifier et de juger les conditions dans lesquelles sont conduites les affaires sociales depuis la création de la Socam, notamment parce que la gestion antérieure n’a pas fait l’objet d’un quitus ».
Essentiellement grave comme récrimination pour un membre d’un Conseil d’administration, fusse-t-il de la Socam. Pour toute réponse, le 19 septembre 2011, Odile Ngaska sert une demande d’explication à son collègue avec sérieuses menaces de sanctions. Ce dernier pique une sainte colère et le lendemain, le 20 septembre, écrit à son Pca : « madame la présidente, j’ai honneur d’accuser réception de votre lettre en date du 19 septembre 2011 qui, de quelle manière qu’on veuille bien la prendre, marque un triple refus catégorique de répondre aux quatre griefs articulés dans ma lettre du 05 septembre dernier, de faire droit à la demande de convocation d’une réunion du conseil d’administration contenue dans la dite lettre, de communiquer des documents permettant à un administrateur d’exercer son droit de contrôle de la gestion de l’entreprise ». Les faits sont en effet constatés. Et le membre du conseil d’administration de la Socam fait relever à son président : « Vous avez curieusement choisi de porter le débat sur le terrain disciplinaire, notamment indiquant « demande d’explication » comme objet de votre lettre. C’est là une grave erreur d’appréciation car de toute évidence, vous faites confusion entre le statut de simple membre et le statut particulier d’administrateur régulièrement désigné par l’assemblée générale souveraine de la Socam à laquelle vous tentez de vous substituer en me menaçant d’un surréaliste courroux ». Et l’homme précise : « A cet égard, peut-être conviendrait-il de rappeler qu’il il y a des limites aux pouvoirs du Président d’un conseil d’administration qui ne saurait valablement ignorer que la solidarité entre tous les administrateurs fait, en réalité du président, non un monarque intouchable mais un « primus inter pares ».
A ce jour, les dés sont totalement pipés à la Socam. La résurgence de cette histoire que l’on croyait enterrée va mettre les feux aux poudres. Notamment parce que lors de la double Assemblée ordinaire et extraordinaire du 07 mars dernier, non seulement cet administrateur n’a pas été convoqué mais également révoque de ses fonctions d’administrateur en flagrante violation des procédures élémentaires de notification. Aujourd’hui, l’affaire a pris une autre tournure. La pca va être estée en justice pour n’avoir pas fournit des pièces afférentes aux assemblées ordinaires et extraordinaires inhérentes à l’éviction d’un membre du conseil d’administration et à la nomination carnavalesque d’un autre sans aucune notification. Une attitude rebelle aux lois républicaines. Une affaire qui ne fait que commencer...
Par Guy Raymond ELOKAN ( L’Anecdote)