mardi 30 décembre 2008
La " Rue de la Joie " et le carrefour "J’ai raté ma vie" font les frais des mesures du préfet du Wouri.
Les signes du passage du préfet du département du Wouri, Bernard Okalia Bilaï, sont encore visibles à la " Rue de la joie " et au carrefour "J’ai raté ma vie" respectivement au quartier Deïdo et Elf-Village à Douala. Certains débits de boisson localisés dans ces quartiers bruyants de la capitale économique avaient encore des scellés, hier lundi 29 décembre. C’est le cas du snack bar "Le Pentagone" à la " Rue de la joie " à Deïdo. Le snack bar "La Défense", situé en face de celui cité plus haut a également des scellés avec un papillon qui indique la mesure de fermeture.
Cette fermeture concerne les débits de boisson qui se trouvent dans les arrondissements de Douala 1er, précisément à la " Rue de la joie " à Deïdo et Douala 3e, au carrefour "J’ai raté ma vie". Ce dernier carrefour a accueilli le préfet du Wouri, samedi dernier, pour la première phase de cette répression. "32 débits de boisson ont été fermés", confie Hervé Nana, le président du Syndicat des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc). Certains bars qui étaient concernés par la mesure ont été fermés samedi, 27 décembre dernier. Parmi ceux-ci, "Le Métro night club", "Nepturne bar".
De nombreux autres bars et auberges sont passés à la trappe.
L’application de cette mesure se veut "contraignante et sans équivoque", a précisé Bernard Okalia Bilai. Toute violation de ces scellés expose les contrevenants à des sanctions allant des amendes aux peines d’emprisonnement ferme.
Le sous-préfet de Douala 1er Etoa Mballa va également mettre en application les instructions préfectorales dans son unité de commandement. Sous escorte des éléments des forces de l’ordre, Etoa Mballa va "apposer des scellés sur 19 débits de boisson", a confié un syndicaliste. Ce dernier précise d’ailleurs que cette mesure touche "près de cinquante débits de boisson", dans les deux arrondissements concernés.
Par ailleurs, les artistes et inconditionnels de ces lieux de réjouissance expriment leur mécontentement suite à ces fermetures. "Le président de la République a dit de lutter contre la pauvreté, et c’est ce que ces tenanciers font. Grâce à cette activité, ils aident les débrouillards. Les musiciens qui gagnent leur pain en chantant dans les cabarets se retrouvent désormais à la rue", déplore Marguerite Mengue, chanteuse dans les cabarets.
Cette mesure, avoue Philip Betemen, "concerne ceux qui ont des bars et des chambres de passe à l’intérieur de ces bars". " Il faudrait alors séparer les bars et les auberges et bien les aménager afin de payer les impôts à payer par chaque activité ", avoue le responsable de l’établissement Betacam.
Les clients quant à eux déplorent les méthodes employées. "Tous ceux qui se trouvent en ces lieux à une certaine heure de la nuit sont embarqués dans les voitures des éléments de la police qui sillonnent. Venu te distraire, tu peux te retrouver dans une cellule de commissariat de police", soutient Romain Priso. Des patrouilles sillonnent en effet ces endroits où certains clients et vendeurs sont embarqués. Les tenanciers et les vendeurs indiquent que la rafle entraîne de nombreuses pertes. Les clients profitent souvent de cette situation pour s’en aller sans régler leurs factures. Des marchandises sont aussi abandonnées dans la rue. Les riverains du carrefour " J’ai raté ma vie " saluent, quant à eux, cette décision préfectorale.
Sandrine Tonlio et Blaise Djouokep (Mutations)