vendredi 27 janvier 2012
Cette organisation d’activistes camerounais n’a pas donné signe de vie depuis la présidentielle du 9 octobre dernier.Quelques mois avant la présidentielle du 9 octobre dernier, le Code (Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise), une organisation d’activistes camerounais de la diaspora, a frappé un dernier grand coup et s’est tu. Août 2011. Une délégation interministérielle est dépêchée par la présidence de la République en Europe pour y rencontrer des Camerounais de la diaspora. L’étape de l’Angleterre a lieu à Birmingham au Quality Hotel. La réunion a à peine commencé. Des militants du Code font irruption dans la salle. L’un d’eux, un homme bourru, à la mine menaçante, se lève. Emmanuel Kemta, c’est son nom. Il est le chef de la cellule opérationnelle du mouvement. « Arrêtez-moi vos conneries-là. Que faites-vous ici ? Bande de criminels... Allez dire à Paul Biya que votre mission a échoué », lance-t-il. La réunion tourne court et vire à l’affrontement physique entre les activistes du Code, des militants du Rdpc au Royaume Uni et la délégation interministérielle.
Depuis cette action, Brice Nitcheu, le leader du Code, et ses camarades ont tenté de lancer un appel au boycott actif de la présidentielle du 9 octobre, qualifiée de « mascarade ». Opération plutôt timide. Depuis lors, le Code a disparu des radars. Même sur leur blog, le dernier message date de novembre 2011.
Où est donc passé le Code ? D’aucuns n’ont qu’une seule explication au silence de Brice Nitcheu et consorts : ils auraient été achetés par le pouvoir de Yaoundé, peu avant la présidentielle. « Faux », rétorque Brice Nitcheu, qui affirme que le Code a simplement observé un repli stratégique pour mieux réorienter ses actions. « Nous sommes en train de revoir complètement les nouvelles stratégies, après la dernière mascarade qui a complètement laminé et décrédibilisé l’opposition. Pour que les actions de la diaspora combattante portent, il est indispensable pour nous d’avoir des relais crédibles sur place au Cameroun. Nous travaillons en ce moment pour constituer ce relais, mais, nous voulons le faire avec une nouvelle génération », affirme-t-il. Il ajoute : « Je peux très bien comprendre les réactions des compatriotes qui s’interrogent sur notre silence. Je peux les rassurer que c’est le calme avant la tempête. »
Le silence controversé du Code pose globalement le problème des organisations camerounaises de la diaspora. Elles sont jugées inconsistantes, mais surtout divisées. « C’est des types qui passent le temps à se tirer dans les pattes, confie un Camerounais vivant en France et proche de toutes ces associations. Si les actions des activistes de la diaspora étaient coordonnées, cela porterait des fruits. Mais tous manquent d’humilité et sont ivres d’ego. Avec ça, Biya et ses amis peuvent dormir en paix. »
Il n’empêche que le Code est le mouvement d’activistes camerounais le plus connu de la diaspora. Installé à Londres, Brice Nitcheu et ses militants sont habitués à tambouriner devant la résidence du président Biya chaque fois qu’il séjourne en Suisse. Les images de ces bravades sont ensuite diffusées sur de nombreux sites Internet. Le Code a également milité en faveur de la libération de Joe la Conscience, Lapiro de Mbanga, du journaliste Bibi Ngota décédé en prison, etc.
Par Jean-Bruno Tagne(Le Jour)