lundi 7 mars 2011
Le dimanche soir, 6 mars, j’ai reçu dans mon téléphone le message suivant : “ vigilance ! Le Rdpc avec Grégoire Owona, Moukoko Mbonjo, Tobbo Eyoum, Atangana Kouna, Foning, Nkom Hervé, préparent milices contre le peuple. Révolte=notre salut. Union=victoire ”. Je ne suis certainement pas le seul à l’avoir reçu. L ‘auteur du message signe : “ peuple ”
De deux choses l’une : soit il s’agit de désinformation, de calomnie ou de diffamation, et cela s’appelle de l’assassinat social, soit il s’agit de la dénonciation d’une triste et dangereuse réalité, et le dénonciateur devrait se faire plus crédible en fournissant des indications probantes, afin que la société réagisse à temps contre un tel vecteur de guerre civile, dans un pays où les populations acceptent de mourir de tout, mais dans la paix.
Dans la première hypothèse, nous dirons que la démocratie ne se construit pas avec la délation et la diabolisation des adversaires, et qu’il n’est pas dans la stratégie du changement non violent, de désigner qui que soit à la vindicte d’un peuple quasiment sur le point de non retour pour la révolte. Surtout de le faire sans en démontrer le fondement authentique ? La justice camerounaise est aux ordres, peut-on dire. Mais, il n’est pas interdit de la saisir contre des violations des lois nationales mettant en péril les droits de l’Homme, si l’on croit avoir qualité pour parler au nom du peuple. Il n’est pas interdit non plus d’écrire au Préfet, au gouverneur, au Premier ministre, ou même au bon dieu de Yaoundé plutôt qu’à ses saints, pour dénoncer les agissements des gens qui pourrissent le pays en leur nom. Au moins l’histoire serait témoin de leur insensibilité s’ils n’ont pas le courage, pour une fois, de faire taire les tortionnaires du peuple.
Dans la seconde hypothèse, c’est-à-dire au cas où il serait vrai que des citoyens sont en train de former des milices pour défendre le pouvoir oligarchique, autocratique et prédateur de leur parti contre le peuple camerounais, il serait peut-être bon, d’abord de leur rappeler ce qui s’est passé au Rwanda, au Libéria, en Sierra Léone, à Djibouti, et qui se poursuit aujourd’hui en Côte-d’Ivoire et en Lybie… C’est-à-dire dans les pays où des régimes oppressifs, sentant leur mort prochaine, ont allumé des incendies sociaux, dans le vain espoir de pouvoir prolonger leur prédation sous le manteau de pompiers.
Il est compréhensible que ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte avec succès soit une source d’inquiétude pour un régime qui a conscience de s’être aliéné par le peuple, au lieu d’emporter sa sympathie par une recherche de solutions adéquates de ses problèmes. Mais aussi que le régime dont se réclament ces créateurs présumés de milices ne veuille plus être aussi surpris qu’en février 2008. Mais, jusqu’où croient-ils pouvoir aller si leurs milices doivent massacrer les millions de Camerounais qui croupissent dans le chômage et la famine ? Et qu’arriverait-il si ces millions de gens avaient si faim qu’ils n’entendaient plus le bruit des fusils ? Et où vont-ils recruter ces milices si ce n’est pas comme le 23 février à Yaoundé où des écoliers et collégiens ont été recrutés dans les quartiers contre 2500 francs par enfant, pour aller marcher contre les tracts d’une opposition fantôme, avec des tracts terroristes du parti au pouvoir ?
Par Jean Baptiste SIPA(Le Messager)