mercredi 9 février 2011
Les éclairages de la présidente de la Panthère sur la crise qui secoue son équipe.
Comment expliquez-vous les licenciements que vous avez décidés dans la panthère ?
Nous sommes arrivés pratiquement à mi-parcours de la saison et il fallait faire un bilan, à la veille du mercato. Je suis une présidente plus maman que présidente de club. La plupart du temps, les joueurs sont traités comme des employés, mais comme des enfants. Et un joueur responsable, si après onze journées, s’il n’a joué aucun match, il devrait s’interroger. Un joueur qui est payé tous les mois, qui est logé (je paie le loyer, il ne connaît pas son bailleur), qui mange midi et soir, qui est soigné, si en onze matches, … je suis un chef d’entreprise. Quand dans une entreprise, il y a une situation où les produits sont chers, le marché n’accepte pas ces produits, il y a un problème. J’ai, j’ai fait l’analyse de la valeur. Moi je manage la Panthère comme une entreprise. Nous sommes à mi parcours. Nous avons 35 joueurs. Je parle de l’équipe première. Et tous ont des traitements. Je demande qu’on me fasse des statistiques. Que me coûte un joueur par mois ? On regarde tout ça et on voit qu’il y a des joueurs qui n’ont pas été classés une fois en onze matches de première division. Vous êtes payés, logés, nourris, mais vous n’êtes pas classés. On vous libère et on vous donne la possibilité d’aller vous chercher ailleurs ! Je suis tellement ouverte que j’ai expliqué aux joueurs.
Pourtant vous n’avez pas remis leurs libérations…
Il ya eu des libérations, mais une libération n’est valable que lorsque la fédération a signé ! Vous êtes d’accord avec nous ! Je signe des libérations pour ceux-là qui ne sont pas classés. Je parle sous le contrôle de ces enfants-là (pointant Abouem et Aboubakary, deux de ces joueurs venus à son hôtel sur son invitation). Il y a deux groupes : les joueurs qui ont du potentiel, qui ont des performances, qui sont bons, mais qui n’ont pas aligné suffisamment de matches. Peut-être parce qu’à leurs postes, il y a deux ou trois joueurs, mais ce sont des joueurs qui reviennent sur les feuilles de matches. A qui la faute ? Mais je sais que ce genre de joueur a du potentiel. Un bon manager prête le joueur. Mfomen est à Marseille ; Marseille l’a prêté à Dijon ! Ce sont des arrangements qui se font pendant la période du mercato. Mais il y a aussi les joueurs qui ont fait zéro match. Je suis à Yaoundé ce matin parce que je suis allée déposer ces libérations et commencer à négocier de manière de nouveaux clubs pour eux.
Le mercato s’achève le 10 février. Aurez-vous assez de temps pour cela ?
Abouem a deux clubs, Aboubakary en a un. Tous ne sont pas au même niveau.je viens maintenant pour les prêter. Il ne faut pas que les gens dramatisent. Le joueur qui a fait zéro match a intérêt à aller se mettre dans la salle de gym, s’organiser pour mieux se vendre.
Pourquoi avez-vous décidé unilatéralement, sans discuter a priori avec les joueurs ?
Ah ! Non ! Ce n’est pas une démarche personnelle. Le mangement des entreprises ne se discute pas avec les employés, donc pas avec les joueurs. Je prends les dossiers, je fais l’état des finances, je vois la situation financière de chaque joueur. On a tant de millions et on a tel chemin à parcourir. On n’a pas commencé les matches de coupe. Un bon chef d’entreprise s’arrête à un moment et fait le point et il trouve des solutions. Et ces solutions s’imposent.
Comment justifiez-vous les reconnaissances de dette que vous avez faites signer aux joueurs alors que c’est vous qui rompez le contrat ?
Vous n’avez toujours pas compris alors que vous êtes dans le football. Ce n’est pas une rupture abusive de contrat. C’est une rupture justifiée. Et la prime couvre quelque chose. Ceux qui ont refusé de signer, j’ai dit que je rembourse à la Panthère de ma poche. Normalement, dans les entreprises, on te sous-paie d’abord pendant la période d’essai. Si tu veux 300 000F, je te donne 60 000F. Au boute de la période d’essai, si c’est concluant, je te repositionne à ton statut. Le joueur c’est un monde à part. Le monde du football est un monde à part. Il a signé pour un certain nombre d’années et sa signature a un coût. Si au bout de onze matches il n’a joué aucun match, il ne rembourse pas ? Le joueur a une valeur et sur un terme. Et puis, ce que les autres clubs font, j’ai des joueurs qui ont appelé pour jouer dans la Panthère. On leur demande de rembourser jusqu’aux petites primes d’entraînement.
Est-ce normal ?
Ce n’est pas normal pour les primes d’entrainement ou les loyers. A Douala, on a demandé à certains joueurs de rembourser. Ce n’est pas normal. (A ses joueurs, Ndlr) Vous étiez logés non ? Est-ce que vous connaissiez vos bailleurs ? Est-ce que je vous ai demandé de rembourser le loyer ?
par Propos recueillis par Lindovi Ndjio