samedi 1er octobre 2011
Réunis à Bruxelles en Belgique samedi 17 septembre dernier, nombre de leaders de la diaspora camerounaise ont longuement discuté de divers sujets en rapport avec l’élection présidentielle prévue au Cameroun dimanche 9 octobre prochain. Ils ont fait le point des actions menées dans le cadre de l’appel au boycott actif des inscriptions sur les listes électorales et pris certaines résolutions ayant trait à la Présidentielle attendue, contenues dans un document intitulé "Déclaration de Bruxelles". Pour l’implémentation de cette "déclaration" tant au Cameroun qu’à l’étranger, ces leaders réunis au sein du "Front uni de la diaspora camerounaise pour le boycott de la mascarade électorale d’octobre 2011", se disent déterminés. Pour les lecteurs du quotidien Le Messager, un de ces leaders, le président de l’Organisation non gouvernementale (Ong) "Conscience du Cameroun", revient sur leurs motivations, parle des candidats à la prochaine présidentielle et du dispositif mis en place pour l’organisation de ce scrutin qu’ils qualifient de mascarade, annonce des actions fortes...
Qu’est-ce qui sous-tend la "Déclaration de Bruxelles" rendue publique samedi 17 septembre dernier par le "Front uni de la diaspora camerounaise pour le boycott de la mascarade électorale d’octobre 2011" dont vous êtes un des membres fondateurs ?
Je tiens d’abord à remercier Le Messager pour me donner l’opportunité de m’adresser directement au peuple Camerounais dans un contexte socio-politique fragile dans notre pays où un régime pro-occidental et neo-coloniasliste veut, par le biais d’une mascarade électorale, concrétiser un coup d’Etat constitutionnel orchestré en 2008 par la modification flagrante de la Constitution. Ce contexte socio-politique au Cameroun est d’autant plus fragile que les autorités américaines ont demandé, avec raison, à leurs ressortissants vivant au Cameroun ou voulant se rendre au Cameroun en cette période de cirque électoral de faire attention. C’est donc dans ce contexte morose au Cameroun que les principaux acteurs de la diaspora patriotique et progressiste camerounaise, ont décidé d’unir leurs forces au sein d’un Front Uni, pour le boycott actif de la mascarade électorale du 09 octobre 2011. En effet, le Front Uni dénonce la candidature illégale de Paul Biya, la non-indépendence des structures chargées de l’organisation de cette mascarade électorale, et le refus de exercice de leurs droits de votes à un grand nombre de Camerounais tant dans la diaspora qu’au Cameroun. Cela dit, le Front Uni empêchera par tous les moyens la réalisation de cette forfaiture électorale dans la diaspora et au Cameroun.
Comment est-ce que ce nouveau Front crée à Bruxelles samedi 17 septembre dernier compte implémenter cet Déclaration sur le terrain, tant au Cameroun qu’à l’étranger ?
Evidemment, après les déclarations, il faut des actions. Et le front uni ne fera pas d’économie d’actions pour atteindre ses objectifs. Nous avons élaboré un plan d’actions dont je ne peux donner les détails ici. Mais par contre, je peux déjà demander aux Camerounais et sympathisants du Cameroun de la Diaspora et de l’intérieur, sans distinction de tribu, de religion, de profession, de langues et consorts, de se mobiliser pour faire échec à la énième tentative d’un groupe de gérontocraties de tout bord politique à se maintenir au pouvoir et perpétuer la souffrance du peuple. En effet, ces gérontocrates des deux bords du spectre politique camerounais se sont une fois de plus mis d’accord pour mettre un vernis démocratique à leur système de mangeoire et de prébendes par le biais d’un simulacre d’élection. Après les élections, ils se partagerons les postes ministériels, les marchés de l’Etat, les richesses du pays et diront tout en cœur "au diable les grandes ambitions et les grandes réalisations, est-ce que c’est ça qu’on mange ?". Par ailleurs, je peux déjà annoncer ici que nous organiserons un grand sit-in de protestation le 1er octobre prochain devant la Maison Blanche à Washington DC. Des camerounais venus de partout dans les Usa, viendront dire leur mécontentement par rapport à la mascarde électorale en préparation au Cameroun, et prendront à témoin l’Etat américain pour tout ce qui pourra arriver par la suite...
Puisque cette Déclaration n’empêchera pas du tout Elecam, le Minatd, la Cour suprême et autres intervenants de la chaîne électorale à souscrire à cette mascarade, qu’allez-vous faire ?
Nous mettrons tout en œuvre pour mettre fin au système maffieux que je viens de décrire à la question précédente. La mise à mort de ce système de prévaricateurs et de parasites de la République passera par le boycott actif de la mascarade électorale du 09 octobre. Contrairement aux boycott précédents des élections au Cameroun, qui ont plutôt aider le régime à se maintenir au pouvoir sans compétir, le boycott actif préconisé par le Front Uni empêchera la tenue les élections et/ou qu’un individu issu de ces élections puisse gouverner les Camerounais. Dans ce contexte, Elecam, le Minatd et autres intervenants de la chaine électorale sont sans objet.
Avant cette "Déclaration de Bruxelles", de nombreux appels au boycott des inscriptions sur les listes électorales ont été lancés par les associations de la diaspora dont Conscience du Cameroun dont vous êtes le président. Si on vous demande le bilan de cette première opération
L’appel au boycott des inscriptions sur les listes électorales dans la diaspora a été largement suivi. Pour preuve, en Allemagne, il n’y a qu’une centaine de Camerounais sur des centaines de milliers qui s’y trouvent, qui se sont inscrits. Idem pour les USA où il n’y a que 1600 inscrits sur les dizaines de milliers de Camerounais qui y vivent. Globalement le taux d’inscription des Camerounais dans diaspora est de moins de 1 pourcent des Camerounais qui y résident.
Au-delà de votre position connue qui est le boycott actif, quels commentaires vous inspire le nombre de candidats (23 soit les 21 retenus par Elecam et 2 repêchés par la Cour suprême) en course pour cette élection présidentielle ?
Ce n’est pas étonnant au Cameroun quand on sait que plusieurs de ces candidats sont ceux des partis satellites crées par le pouvoir pour diluer les voix de l’opposition. Plus encore, on a des candidats sans véritable envergure et expérience politique qui sont tout simplement motivés par l’argent de financement de la campagne électorale. Aussi, nous avons des candidats perpétuels qui, sachant qu’ils n’incarnent plus l’aspiration du peuple, ont choisi de légitimer le coup d’Etat constitutionel de Paul Biya, tout en esperant un retour de l’ascenceur. Et enfin, nous avons un ou deux candidats plus crédibles incarnant une nouvelle géneration de politiciens qui ont eu la naiveté d’apporter leur caution à un simulacre d’élection. Bref, cette multitude de candidatures confirme l’assertion selon laquelle au Cameroun il y a peu de partis politiques mais plus de boutiques politiques.
Alors, si on vous demande de brefs avis sur chacun de ces candidats...
D’abord je commencerai par dire que Paul Biya dont la candidature est illégale est le plus grand feyman de la République qui vient d’arnarquer des milliers de jeunes sous prétexte qu’il leur donnera 25 mille emplois ; un farceur et affabulateur qui excelle dans l’utilisation des slogans creux à but électoraliste tels les grandes ambitions, les grandes réalisations, et autres machins utilisés pour endormir le peuple. Plus important, Biya est un assoiffé de pouvoir qui a choisi inéluctablement de provoquer un bain de sang au Cameroun. Je n’ai pas trop de commentaires a faire sur les autres gérontocrates qui ont choisi d’accompagner Biya dans son coup d’Etat constitutionnel sauf pour dire qu’ils ne représentent plus les aspirations du peuple camerounais. Ils sont, pour la plupart, plus soucieux à se remplir les poches qu’à servir le peuple camerounais. Il y a enfin 1 ou 2 candidats plus jeunes et perspicaces qui croient peut-être sincèrement que les élections au Cameroun peuvent être un instrument d’alternance pacifique au pouvoir. Dans le contexte camerounais, c’est vraiment faire preuve de naïveté politique.
Votre Ong, Conscience du Cameroun, ne souhaite pas la tenue de la prochaine élection présidentielle et propose une période de transition (voir Le Messager numéro.......du....juillet 2011). Quels sont les tenants et les aboutissants de cette proposition ?
Effectivement, Conscience du Cameroun prône une période de transition pendant laquelle une structure de transition devrait travailler de concert avec les représentants des différents segments de la société camerounaise pour délibérer et opérer un toilettage de nos institutions et de notre constitution. Ces reformes institutionnelle et constitutionnelle devront s’accompagner des élections libres et transparentes au Cameroun, à l’issue desquelles même un Bamiléké, un autre Beti/Bulu autre que Paul Biya, un Kirdi, un Bali, un Douala, un musulman, un chrétien, un ancien de la diaspora et j’en passe..., peut sortir vainqueur ; n’en déplaise à M. Amadou Ali qui continue de croire a un axe caduque Nord-Sud d’alternance au pouvoir. Ce monsieur, tout comme son patron Paul Biya, est un danger pour la paix et la cohésion sociale dans notre pays. Dans une République normale, un tel individu ne serait plus membre du gouvernement. Je terminerai cet entretien en disant que ce sera bientôt le crépuscule des crapules au pouvoir à Yaoundé. Je demande aussi aux Camerounais de la Diaspora et à ceux de l’intérieur tels les étudiants, les moto-taximen, les syndicalistes, les fonctionnaires... de se mobiliser pour faire échec au forcing électoral du candidat illégal Biya et de ses amis de l’opposition ventrologue.
Entretien avecHonoré FOIMOUKOM dans le Maryland aux Etats-Unis(Le Messager)