jeudi 29 mars 2012
L’annonce fait le tour de la toile et fait l’objet de chaudes disputes dans le forum 237. Le fameux prix Bibi Ngota qui s’est ouvert cette année 2012. Le délai de dépôt des candidatures était fixé au 22 mars 2012. Son promoteur Patrice Nganang dans un communiqué qu’il fait suivre sur Internet, donne des précisions sur ce prix qu’il a intitulé « Prix Bibi Ngota du journalisme contre l’impunité en Afrique ». Une dénomination qui fait très mal à certains puristes qui estiment que Bibi Ngota, rédacteur en chef et fondateur du journal Cameroon Express n’était pas un journaliste mais « plutôt un braqueur abattu pendant l’exercice de sa sale besogne ». Et accepter un tel prix pour eux, serait, encourager le hold-up dans la profession de journalisme au Cameroun. Un mal qu’il faut plutôt soigner.
Les promoteurs de ce prix dans leur communication, se veulent plus précis sur leurs motivations. La décès de Ngota Ngota Germain Cyrille le 22 avril 2010 à la prison de Kodengui pour cause d’ « abandon », « manque de soins », et de « non assistance » a, de leurs avis, « uni les journalistes dans un élan de solidarité professionnelle sans précédent que ce prix entend perpétuer ». Ainsi, ce prix récompense à hauteur de 1000 dollars, un travail d’investigation ou d’analyse sur un sujet relatif à l’impunité sur le continent africain et publié sous un support. Un argument qui ne convainc pas grand nombre de journalistes. Denis Kwebo, rédacteur en chef délégué du journal Le Jour, tout comme Dovan Bogning, rédacteur en chef du satirique Le Popoli, estiment que ce prix est une insulte à la presse camerounaise. Aucun journaliste de ce fait, ne devrait s’y présenter moins encore accepter qu’un tel prix figure parmi ses récompenses. Ces derniers en veulent pour preuve comme bien d’autres, l’incrédibilité des organisateurs qui ne vivent pas déjà au Cameroun. Dans cet élan, le secrétaire général des rédactions au Journal Le Messager, Jacques Doo Bell soutient pour sa part que, Patrice Nganang et sa clique ont fait du décès de Bibi Ngota, de la récupération, pensant ainsi régler leurs comptes avec le pouvoir en place.
L’autre argument que les détracteurs de ce prix brandissent est strictement professionnel : « Dans l’affaire du Rio Del Rey qui l’a révélé au monde, sa démarche n’a pas été la meilleure posture professionnelle qui puisse être et qui mérite d’être célébrée. Quand on lit le protocole d’interview qu’il a envoyé à l’administrateur directeur général de la Snh pour recouper son information, on a un malaise. Du chantage à plein nez. Après avoir posé sept questions à son interlocuteur, l’auteur de la correspondance écrit : « à toi de juger, à toi de jouer ». Tous les « bons Camerounais » savent bien ce que ça veut dire », déclare Dovan Bogning. Denis Kwebo va plus loin « si on me décerne un prix Bibi Ngota contre l’impunité, je porte plainte contre les organisateurs et je pense que tous les journalistes devraient être contre ce prix ». Alain Tchakounté, chef division régional Littoral de la Société d’Editions et de presse du Cameroun (Sopecam), est de cet avis « Je ne reconnais pas Bibi Ngota comme un confrère ou quelqu’un qui a un jour, appartenu à la profession de journaliste. A priori, ce prix ne m’intéresse pas et ne mérite même pas que j’en parle ».
Par Adeline TCHOUAKAK(Le Messager)