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Célestin Tawamba : Je suspends un investissement de 2 milliards de francs

mardi 29 juin 2010


Face à une concurrence déloyale dans le secteur des pâtes alimentaires, le président de l’Association des producteurs camerounais, par ailleurs président du conseil d’administration des sociétés La Pasta Sa et Panzani Sa, vient de suspendre le montage au Cameroun d’une usine de fabrication de la semoule de blé dur. Dans cet entrtien avec Mutations, il fait le tour des difficultés et revient sur les suggestions que l’association a déjà soumises au gouvernement, pour en sortir.

Pour empêcher la faillite des unités locales de fabrication des pâtes alimentaires, vous avez multiplié les démarches auprès de certains membres du gouvernement, pour attirer leur attention. Peut-on dire qu’il y a péril aujourd’hui pour les entreprises camerounaises de fabrication de pâtes alimentaires ?

Oui. Il y a véritablement péril. On n’est pas loin de fermer l’ensemble de nos entreprises dans le secteur des pâtes alimentaires. Déjà, il y en a une qui a fermé. Sur les 5, il ne reste que 4 aujourd’hui. Cette entreprise a fermé parce que le secteur des pâtes alimentaire est en sous activité. Il tourne à peine à 30 ou 40 % de sa capacité de production. Et vous savez que si une usine tourne à 40%, elle est très en deçà de son seuil de rentabilité. Cela se passe depuis un certain nombre d’années. Et c’est essentiellement dû aux importations massives des pâtes alimentaires qui arrivent au Cameroun. Aujourd’hui, les pâtes alimentaires importées représentent en termes de volume environ 60% des parts de marché ; et en termes de références 85% des parts de marché. Vous comprenez que face à une situation comme celle là, nous serons obligés de fermer et sacrifier les milliers d’emplois que constitue ce secteur d’activité.

Vous parlez de milliers d’emplois à protéger. Quel est le niveau d’investissement et de production des entreprises de production des pâtes alimentaires ?

Le secteur des pâtes alimentaires c’est 45 000 tonnes de capacité de production par an. Cette production peut alimenter le Cameroun et toute l’Afrique centrale. C’est 15 milliards de francs Cfa d’investissement. Donc, c’est quand même un secteur majeur. C’est quatre unités aujourd’hui, cela fait presque le Sénégal, la Côte d’Ivoire, et le Bénin réunis, en termes de nombre d’unités de production. Le Cameroun qui est véritablement un pays d’entrepreneurs a pris le risque d’investir dans ce secteur. Mais comme toujours nous avons l’impression que les pouvoirs publics ne sont pas conscients, et sont les premiers destructeurs.

Le problème, selon vous, c’est le gouvernement ?

Le gouvernement laisse faire et ce n’est pas normal. C’est-à-dire que celui qui laisse faire le mal est celui qu’on doit condamner le plus. Ce mal c’est d’abord ce laxisme, le fait que tout et n’importe quoi entre au Cameroun sans respecter les normes minimales. La plupart de ces pâtes ne sont pas faites à base de 100% blé dur, comme le stipulent nos normes. Les pâtes importées aujourd’hui sont un mélange de blé tendre et blé dur. Mais il se trouve que ces pâtes là lors de la fabrication ont subi un chauffage important, un degré de température qui fait que l’amidon a été complètement consumé. Donc, il est impossible au niveau des contrôles post production, de vérifier qu’il y a effectivement de l’amidon dans ces pâtes. Cette différence peut déjà se constater au niveau du prix.
Du moment que vous avez des pâtes qui arrivent au Cameroun avec un prix inférieur à notre prix d’achat de la semoule 100% blé dur, venant des mêmes origines, cela suppose qu’il y a un problème au niveau de la qualité du produit et même de celui du respect des normes d’étiquetage. Vous avez des pâtes dont l’étiquetage est en Chinois, en Turc, en Arabe, qui ne respectent pas les normes d’étiquetage. Tout cela entre au Cameroun. On a mis en place une Agence de normalisation qui doit délivrer un certificat de conformité. Mais il se trouve que cette agence, qui devrait réguler et veiller à ce les produits fabriqués au Cameroun aient une place, fait plutôt la promotion des industries étrangères ; parce qu’elle délivre à tout va des lettres de dérogations, n’ayant pas d’outils pour lui permettre de vérifier la conformité des produits. Elle donne des lettres de dérogation qui sont illégales. Et enfin, il y a la douane qui est une véritable tare de ce pays. N’ayant pas les moyens, on a mis en place des valeurs de référence depuis 2006, qu’on devait réviser tous les six mois.
Cela fait trois ans que nous demandons la révision des valeurs de référence, on ne daigne même pas répondre à nos correspondances. Nous demandons donc ces révisions parce que ces valeurs de références n’ont plus les effets escomptés. L’effet de la valeur de référence, c’était simplement pour rétablir la compétitivité qu’il y a entre les prix de l’importation et ceux de la production locale. L’Etat ne répond pas à nos correspondances, ne nous reçoit pas. C’est tout simplement un genre de mépris.

Est-ce qu’il y a seulement eu un problème de normes ? N’y a t-il pas aussi la question de la subvention de l’agriculture dans les pays d’origine de ces pâtes là ?

Oui, naturellement. En Turquie, c’est connu de tout le monde, que l’Etat subventionne lourdement les agriculteurs. Parlant des pâtes notamment, l’Etat finance les entreprises. Parce que c’est un grand bassin de production de blé. Nous avons d’ailleurs montré à l’Etat des justificatifs de la subvention par l’Etat turc de la production et de la vente en exportation des pâtes alimentaires. Malgré cela, ils sont sourds.

Peut-on avoir une idée des différentes propositions que vous avez faites à l’administration pour apporter un début de solution à la crise qui secoue le secteur ?

Les propositions que nous avons toujours faites c’est : premièrement, veiller au respect de la qualité des pâtes. Parce que les pâtes qui sont produites au Cameroun sont de qualité supérieure et respectent les normes. Deuxièmement, relever la valeur de l’assurance qui est indispensable pour rétablir la compétitivité de notre produit. Parce que face à la libéralisation il y a eu une liste de produits qui sont exclus de cela. Les pâtes alimentaires sont de ces produits là. Elles doivent donc bénéficier d’un regard de l’Etat. Il faut donc suspendre ces lettres de dérogation, qui sont illégales ; et instaurer un véritable contrôle pour avoir des certificats de conformité ; que la douane sache que les pâtes qui arrivent dans des véhicules et dans les containers ou encore des réfrigérateurs, sont de la contrebande et ne doivent par conséquent pas être mises sur le marché. Une bonne partie des pâtes alimentaire passe par ces voies, avec la complicité de la douane. Il faut enfin relever la valeur de référence qui va permettre de rétablir la compétitivité de nos produits.

A vous écouter, a l’impression que vous suggérez une espèce de protectionnisme. N’est-ce pas contraire à l’esprit des textes de l’Omc ?

Il n’y a aucun problème avec la réglementation internationale. Car, lorsqu’il est prouvé qu’il y a une subvention sur un produit, l’Etat qui reçoit ce produit a la possibilité d’admettre un droit compensatoire. Ça peut être soit des taxes compensatoires (nous avons introduit un dossier à ce sujet au niveau de la cellule anti dumping du ministère du Commerce qui est en train de travailler dessus) ; ou alors mettre en place une valeur de référence qui permet de rétablir la compétitivité. Nous recherchons l’équité, mais il n’est pas question de faire du protectionnisme. Il s’agit tout simplement de rétablir l’équité et la compétitivité de nos produits, avec ceux qui ont un certain nombre d’avantages que je qualifierais d’injustes, parce qu’ils sont subventionnés.

Si vos suggestions ne trouvent pas une oreille attentive de la part du gouvernement ; à quoi devrait-on s’attendre dans les jours à venir ?

Le groupe « La Pasta » qui vient de suspendre un investissement de 2 milliards de Fcfa pour monter une usine neuve qui devait fabriquer la semoule de blé dur. Elle devait générer 100 nouveaux emplois. Si rien n’est fait, nous serons dans l’obligation de fermer tout le pan d’activité de fabrication de pâtes alimentaires au Cameroun. Ce pan d’activité qui, depuis 6 ans, perd de l’argent. C’est une des raisons pour lesquelles « Panzani » a dû partir du Cameroun, nous serons obligés de fermer cette activité et bien entendu compresser environ 400 personnes qui travaillent dans ce secteur.

Propos recueillis par Lazare Kolyang(Mutations)

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