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Cameroun,Eric Chinje : « Que le Rdpc nous dise comment faire avancer l’économie du pays »

mardi 14 avril 2009

Ancien journaliste vedette de la télévision nationale, Eric Chinje officie depuis une dizaine d’années en tant que responsable de la communication de grandes institutions internationales (Banque africaine de développement et Banque mondiale). De passage au Cameroun au début de l’année 2008 et invité de l’émission ENTRETIEN AVEC…(diffusée sur STV2 tous les jeudis à 22heures), il en a profité pour nous livrer son avis sur des sujets de l’actualité de l’époque : révision de la constitution, lutte contre la corruption, lutte contre la pauvreté, rôle de la diaspora, etc.


Vous étiez rédacteur en chef de la CTV avant qu’elle ne devienne CRTV. Célèbre dans les années 1990 en tant que journaliste du Président, regrettez-vous cette époque ?

Absolument ! Pour moi c’était un véritable honneur à chaque fois de passer des moments avec le président de la république, je garde de très bons souvenirs de cette période.

Le président n’étant pas très friand d’interviews, quel était votre secret pour qu’il puisse vous accorder des entretiens ?

Je crois que c’est parce que la télévision occupait une place assez particulière dans le pays à cette période, le président a su utiliser ce moyen et nous, nous nous sommes aussi prêtés au jeu.

Vous avez été dans l’entourage du chef de l’Etat à un moment donné. Puisque vous ne vivez au plus Cameroun, pensez-vous que le Paul Biya que vous avez connu est resté le même ?

Non, mais je trouve que le Président n’a pas beaucoup changé. J’aurais voulu voir une certaine évolution, mais je retrouve les mêmes éléments qui définissent sa personnalité. C’est un personnage qui croit en ce qu’il fait, et qui, j’ose le dire, parle de démocratie. Il croit mais n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout de ce qu’il veut.

Le président parle de démocratie dès 1990. Selon vous, quels sont les points sur lesquels il aurait dû mettre l’accent ?

Vous savez, la démocratie ce n’est pas le fait d’aller aux urnes et de voter. Il y a plusieurs dimensions qui la définissent comme l’éducation de la population, chose qui ne se fait pas assez régulièrement au Cameroun. Il doit y avoir une certaine sensibilisation de la masse qui doit accompagner le processus démocratique.

Sensibilisation dans quel sens ? Par les médias ou par les cadres des partis ?

Oui, tous ceux-là. Mais, en premier, les médias camerounais, qui n’ont pas su accompagner le processus démocratique. Je ne critique pas mes anciens collègues, mais disons qu’il y a un travail de fond à faire par ces médias. Je suis aussi convaincu, après avoir discuté avec quelques élus du peuple, que ce travail de sensibilisation n’est pas fait. Donc, il y a un sérieux problème avec la démocratie.

Quel aurait, par exemple, été le rôle du président ?

Dans un régime démocratique, le chef est toujours présent et peut être même un peu trop présent. On voit cela dans tous les pays.

Auriez-vous souhaité une présidence de type Sarkozy hyperactif ?

Oui, s’il le faut. Que ce soit Chirac ou Sarkozy, une présence plus ou moins permanente pour aider la population à suivre la politique, à comprendre les enjeux. Donc, il devrait y avoir une présence permanente du président sur la scène et de tous ceux qui arrivent à sa suite : les ministres.

Pensez vous que le président Biya a été plus présent à votre époque qu’il ne l’est aujourd’hui ?

Absolument. En ce moment, il fallait qu’il le soit, mais il l’est beaucoup moins. Dans les années 1980, les ministres passaient souvent même à l’antenne, échangeaient avec des groupes de journalistes. Mais depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Vous savez, il faut sortir du cadre formel dans une démocratie. Parfois, on aimerait voir les ministres sur le terrain, expliquer le pourquoi de certaines décisions, de certains actes. On aimerait voir les parlementaires. Combien de fois ces derniers sont-ils allés voir le peuple, leur parler du budget et de ce qu’on pouvait attendre de ce budget ?

Êtes-vous en train de dire qu’il y a une déconnection entre le peuple et les élus ?

Plutôt un manque d’accompagnement du processus démocratique au Cameroun.

Avez-vous le sentiment que les gens ne sont pas menés ?

Oui. Une démocratie c’est d’abord une espèce de cacophonie d’idées, il faut que les gens arrivent à trouver un sens dans les idées. Ces idées doivent guider la société vers un objectif, une vision. Tant qu’on ne le fait pas, il nous reste cette cacophonie d’idées et je suis désolé de dire cela, c’est ce qui existe aujourd’hui au Cameroun. Il faut qu’on organise les idées. J’ai récemment demandé à des hauts responsables du pays : « Où serons- nous dans cinq ans ? » Et honnêtement, l’un d’entre eux m’a dit : « Je ne sais même pas ou on sera dans une semaine ».

Le 31 Décembre dernier, le Président a adressé son discours à la nation, quel a été votre perception de ce discours ?

Oui je l’ai écouté avec beaucoup d’attention. Il y a eu plusieurs messages dans son discours et des sous-entendus. L’après discours semble avoir été cristallisé autour de la modification de la constitution. C’est important que l’opinion soit informée des raisons qui, je crois, sous-tendent cette décision. C’est aussi à ce niveau que les médias devraient jouer un rôle de recherche, d’explication, aller vers ceux qui détiennent l’information. Parce qu’à mon avis les Camerounais sont un peu laissés sur leur faim.

Prenons quelques phrases du discours du chef de l’Etat. « Les élections municipales et législatives de septembre dernier nous ont donné l’occasion de mesurer le progrès de notre processus de démocratisation excepté quelques dysfonctionnements… la majorité des observateurs l’a reconnu ». Vous êtes à l’étranger, vous avez suivi le double scrutin de 2007. Est-ce que vous êtes d’accord qu’il y a eu des améliorations sur le plan démocratique ?

Vous savez, d’où moi je me trouve aujourd’hui, je regarde ce que les Anglais appellent « The big Picture », je regarde la macro en m’intéressant de très près au micro. Donc, les actes individuels et les collectifs. Ce qui touche le commun des mortels et ce qui touche la nation toute entière. Dans mon analyse de la situation au Cameroun, j’essaie de voir quel impact une situation peut avoir sur l’homme de la rue, et comment cela peut déterminer l’évolution du pays. S’agissant de ces scrutins, ça reflète des données sur certaines activités du gouvernement, de l’opposition, la manière dont les Camerounais agissent grâce au pouvoir de leurs voix.

Que pensez-vous du fort taux d’abstention ?

Je parle de la dimension individuelle. Le Camerounais juge sa voix dévaluée, ce qui reflète le manque de sensibilisation et de compréhension de l’importance de cette voix et ainsi, on voit la manipulation de part et d’autre.

Selon vous, le double scrutin s’est il déroulé : bien, assez bien, insuffisamment ou mal ?

Je n’aime pas jouer à ce jeu, ce qui m’intéresse c’est savoir ce que tout ça traduit comme éventualité positive pour le développement du pays. Est-ce qu’à travers ce scrutin, les Camerounais ont pu exprimer leur vote ? Là je réponds non ! Ceux qui ont voté, ont-ils compris pourquoi ils votaient ? Avaient-ils devant eux des programmes politiques qui leur présentaient les facettes de chaque activité, de chaque décision ? Est-ce qu’ils ont voté en toute connaissance de cause ? C’est ça, en fait, ma préoccupation.

Mais la faillite n’est-elle pas aussi du côté de l’opposition, qui n’a pas de programmes crédibles ?

Parlez-moi de ces programmes-là. Y a-t-il eu des programmes de développement pour les cinq prochaines années ? Qui les a présentés ? Qui a voté en étant convaincu que tel ou tel parti ou homme politique nous mènerait dans la direction qu’il faut ?

Alors selon vous, quand les électeurs choisissent de voter pour un parti, en fonction de quels critères le font-ils ?

J’aimerais bien le savoir. Je ne vis pas au pays, tout ce que je retiens, c’est ce que je lis dans la presse, sur internet, des discussions téléphoniques etc. Et jusque là, je suis incapable de savoir qui nous a présenté un programme politique capable de sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouve. J’aimerais qu’on se focalise là-dessus. Comment sortir le Cameroun de cette crise ? Vous parliez du discours du président, est-ce qu’il y a de grandes idées qui définissent une feuille de route pour le Cameroun sur les huit, dix, ou vingt prochaines années ? Je ne sais pas ! Est ce qu’il y a eu des analyses par la presse pour évaluer le contenu de ce discours dans ce sens ? Je vous ai écouté dire que le président parlait de la création d’emplois, est-ce que la presse s’est intéressée à ce petit phénomène ? Qu’est ce qu’il faut pour créer les emplois ? Ce qui est plus important, c’est de dire comment l’enfant qui est malade aujourd’hui va retrouver la santé. Comment ce journaliste mal payé sera payé demain.

Une autre phrase du président : « des arguments ne manquent pas qui militent en faveur de la révision de la constitution. L’article 6 qui apporte une limitation à la volonté populaire. Limitation qui s’accorde mal avec l’idée des choix démocratiques… »

Mettez vous à la place du président Biya. Aujourd’hui dans un pays où il y a un manque de discipline totale, la corruption galopante, où l’Etat n’arrive pas encore à s’imposer, où la seule préoccupation c’est : « Qui va remplacer le président ? ». Mettez vous un peu à sa place. Vous voulez qu’il vous dise qu’il est prêt à céder sa place dans deux ans ? J’espère que le président est un homme intelligent. J’espère qu’il aime beaucoup ce pays. J’espère que durant les deux années qu’il lui reste, il va pouvoir répondre aux vraies questions de développement de ce pays. Et il doit se donner une certaine marge.

Vous à la place de Biya, auriez vous tenu le même discours ? Au moins en ce qui concerne la révision de la constitution ?

Je ne crois pas qu’il va changer la constitution pour briguer un autre mandat. Je suis peut être naïf, mais vous savez, c’est pas facile de quitter le pouvoir. Regardez autour de nous, que ce soit Poutine, en Russie ou Tony Blair ça n’a pas été facile pour eux, même Margaret Tatcher, Obasandjo, ainsi de suite, c’est pas facile ! C’est la réalité, et ceux qui peuvent cherchent toujours à le faire. Il y a des situations où, si les institutions n’imposent pas leurs limites, les populations vont trouver le moyen de l’imposer. C’est comme ça que la société change.

Il dit : « De toutes nos provinces de nombreux appels favorables à un changement me parviennent … nous allons donc dans cet esprit réexaminer les dispositions de notre constitution ». Pensez vous que dans cette constitution il y a des points qu’il faudrait changer ?

L’expérience démocratique dans le monde a montré que dans le pouvoir il n y a pas de limites. C’est très difficile d’évoluer, de contrôler cette arène politique comme ce n’est pas facile de quitter le pouvoir, si on lui accorde les moyens de s’éterniser au pouvoir. C’est que, quelque part c’est, le peuple camerounais qui le veut. Puisque ceux qui veulent voir le président rester au pouvoir ont parlé par le biais de la presse, ils ont utilisé les marches. Peut être de manière aussi pacifique, ceux qui ne veulent pas, il faut qu’on les entende. Pour l’instant, il n’entend que ceux qui le veulent. Pourquoi voulez vous qu’il agisse autrement ?

Mais vous pensez qu’il faudrait limiter les mandats ?

Oui, c’est l’expérience de tout le monde entier. Poutine s’est donné deux mandats, il est parti. Même s’il revient comme premier ministre. C’est important de parler de ces choses là. Si le président souhaite se représenter, qu’il nous dise pourquoi il veut se présenter. Commençons à focaliser ce débat sur le bien-être des Camerounais sur le développement et les grandes questions de la fonction publique camerounaise et voyons comment ça marche.

Sortons du cadre de la révision de la constitution. Sur le plan économique on parle d’une croissance, toujours selon le président : 3,5% en 2006, 4,1% en 2007 et des prévisions qui vont à 4,8% en 2008. Le président reconnaît que ce n’est pas suffisant.

C’est une croissance de pauvreté et non une croissance de développement. Vous savez s’il y a croissance de 2 ; 3 ; 4% et qu’on y ajoute une croissance démographique qui peut être de 2% ce n’est pas avec ça que le Cameroun parviendra à se développer, à réduire la pauvreté. Si on y ajoute le manque de structures pour une distribution équitable de la richesse, alors cette croissance d’1 ou de 2% c’est une croissance de la pauvreté.

Pour vous ces chiffres sont largement surestimés ?

Non, pas du tout. Pour une fois, j’ai vraiment admiré le courage du président de donner des chiffres plus ou moins exacts.

Comment peut-on comprendre cela avec tout ce qu’on a eu comme annulation de dettes, crédit PPTE. Comment se fait il qu’on ne puisse pas jusqu’à présent rebondir ?

Ce qui est croissance c’est ce qui résulte en diminution de la pauvreté. Mais une amélioration du bien être populaire implique plus de production, plus de revenu, redistribution équitable de la richesse. C’est ce qui concoure à la réduction de la pauvreté.

Comment peut-on utiliser les ressources pour permettre une meilleure distribution des richesses dont vous parlez ?

Il faut des institutions, un système judiciaire crédible, un système de contrôle, une politique qui génère l’emploi. C’est tout cela.

Qu’est ce qu’on peut faire pour améliorer les institutions et le système judiciaire ?

Si j’avais une position de conseiller ou si j’étais à la place du président, je mènerais un certain nombre d’actions. Ce n’est pas facile de mener une politique de croissance, car il faut agir sur plusieurs niveaux. Moi, je commencerais par réduire le pouvoir de la fonction publique. Dans un pays où les fonctionnaires sont plus riches que les chefs d’entreprises dans le privé, il y a quelque chose qui ne va pas et je crois que c’est parce que la fonction publique au Cameroun est tellement puissante que les gens se sont érigés en rois.

Quelle est la solution pour supprimer le pouvoir de la fonction publique ?

Il faut mettre en place des règlementations, des procédures claires et les respecter. Il faut aussi améliorer le pouvoir d’achat, mais il faut le faire en créant la richesse. La fonction publique ne crée pas la richesse, la richesse se crée dans le secteur privé. Dans tous les pays au monde, la fonction publique consomme la richesse. Donc, pour améliorer la vie de nos fonctionnaires, ceux-ci doivent libérer le privé pour que le secteur privé puisse agir.

Le président parle, dans son dernier discours, d’augmentation de salaires, mais aussi de ce cadre qui doit exister entre le secteur privé national et international. A ce niveau, êtes vous en phase avec ce qu’il dit ?

Oui, il faut beaucoup de courage et j’espère que le président aura le courage de le faire. Le Cameroun est béni, plein de richesses naturelles, de ressources humaines, mais pourquoi on n’arrive pas à trouver des solutions ?

Comment va-t-on pouvoir faire tout ce que vous dites, si on indexe le Cameroun comme pays corrompu ?

Qui est corrompu au Cameroun ? Qui est à la base de cette corruption ? Je n’hésite pas à le dire : c’est le fonctionnaire camerounais.

N’est-ce pas à cause de la baisse salariale ?

Absolument. Parce qu’on n’a pas connu ce genre de corruption dans les années 80.

Pensez vous donc que ça été une erreur de baisser les salaires à l’époque ?

Il faut augmenter les salaires mais réduire le pouvoir de la fonction publique, libérer le secteur privé et permettre au secteur privé de faire son travail.

Que pensez-vous de « l’opération épervier » ?

C’est symbolique à mon avis, parce que ça ne représente pas le traitement qu’il faut pour la maladie. Parlons d’abord de la réduction de la pauvreté. Diminuer le pouvoir de la fonction publique en mettant en place des règles claires et veiller au respect de ces règles sous peine de sanctions. Ce sera un bon début de solution à ce problème. Si on met en place un système judiciaire capable de trancher, cela peut aussi constituer un début de solution. Pour libérer ce secteur privé, il y a beaucoup de choses à faire. Sur le plan infrastructurel, de l’accès aux capitaux. Pour les banques, il faut les soutenir. Vous savez il y a un problème, l’autre appelait ça l’index de confiance. Dans un pays où la confiance est élevée, le développement suit. Quand la confiance entre individus est basse, le développement piétine. Apparemment, la confiance n’existe presque pas au Cameroun.

Rencontrez-vous souvent des hommes d’affaires qui ont peur d’investir au Cameroun ?

Absolument. Les grandes arrestations, c’est intéressant, c’est sensationnel, mais il faut suivre et le système doit s’améliorer par rapport à la gestion de la chose publique.

Pensez vous qu’il y a eu du changement dans la gestion publique depuis le début de ces arrestations ?

Je crois que ça règle quand même le problème de l’impunité. Les gens ont peur un tout petit peu aujourd’hui. Avant, ils avaient l’impression d’être soutenus par le système

Pensez-vous que des organismes telle la CONAC sont crédibles ?

Ils font un travail merveilleux mais n’atteignent pas les résultats escomptés. Le devoir de la presse est de s’informer plus et d’informer le public. Pour que le public agisse comme il faut.

N’est-ce pas la faute du pouvoir, qui semble avoir édicté des lois pour plaire aux bailleurs de fonds ?

Je suis souvent désolé de lire dans les journaux des écrits qui parlent des fonds PPTE. On devait être parmi les bailleurs de fonds qui aident les autres pays. Au Cameroun, l’idée d’appartenir à ces pays pauvres et endettés devait ahurir, frustrer le camerounais à la limite, donc, ne parlons pas de fonds PPTE, ça me révolte. Où sont passées les sommes colossales que le Cameroun a prises de l’extérieur pour s’endetter ? Pourquoi, vous les journalistes, n’avez-vous pas chercher à savoir la raison pour laquelle le Cameroun est très endetté ? C’est ça qui devrait nous préoccuper. Vous savez les Ghanéens par exemple, lorsqu’ils ont appris que leur pays était endetté, ils sont descendus dans la rue pour manifester… Chez nous au Cameroun, c’était une bonne chose pour le pays d’accéder à ce point d’achèvement. La dette a été considérablement réduite. On s’est félicité de ce point d’achèvement.

Mais ces fonds PPTE ne peuvent ils pas permettre une relance de l’économie camerounaise ?

La réduction nous a quand même permis de respirer un peu. Mais la richesse, le développement, se feront avec l’effort des Camerounais, avec l’argent des Camerounais, avec les ressources naturelles de notre pays et la gestion de tout cela ; il n’y a pas deux façons. Ce ne sont pas les institutions qui vont nous développer. Nous avons les moyens pour faire décoller notre économie : l’énergie, l’agriculture. Ce n’est qu’une question d’organisation, de politique, de vision.

Si vous devriez dresser un bilan des privatisations au Cameroun , que diriez vous ?

Personnellement, je ne crois pas que privatiser nous ait permis d’avancer. Peut-être, c’est la manière qui a fait problème. Moi je l’aurais fait d’une manière très simple ; par exemple, si j’avais à privatiser la Camair, j’aurais pris cette institution, j’aurais vu la valeur de la boîte, je l’aurais découpée en actions et fait en sorte que s’il y a trois mille actions, que chaque Camerounais soit en mesure d’en acheter une, en imposant une certaine limite peut être dix actions au minimum ou mille actions comme maximum. Mais en le faisant, puisqu’il nous faut la technologie que nous n’avons pas, on réserve 49% de ces actions pour un partenaire technique. Mais les 51% restants doivent être divisés en actions pour que chaque Camerounais puisse, en acheter. Si on le fait, on sera en mesure de trouver les fonds nécessaires pour faire redémarrer cette boîte qui nous est si chère. Je voulais ouvrir une micro banque chez moi au village, je n’avais pas les moyens, alors un ami m’a dit d’aller au village chercher cet argent. Il a fallu créer cette banque en vendant des actions aux villageois, après les avoir sensibilisés. En peu de temps, on a eu les fonds nécessaires dans un village qui, d’après moi, n’avait rien. Aujourd’hui, on a une micro banque opérationnelle avec plus de 600 actionnaires villageois.

A part le secteur de la téléphonie mobile qui marche très bien on ne voit pas ce que la privatisation peut apporter de plus. Cette situation n’est elle pas dû au laxisme de la part des responsables qui ont dû mal à négocier les termes des contrats ?

Je suis conscient du fait que c’est beaucoup plus compliqué. Aujourd’hui, il y a trop d’argent dans le monde, les investisseurs cherchent où le placer. Mais ils vont là où il peuvent se sentir à l’aise.il y a un manque de sérieux dans tout ce que nous faisons. Nous sommes capables de vaincre la pauvreté avec un peu plus de discipline.

Et pour cela, le président Biya doit-il mouiller le maillot ?

Absolument.

Que pensez-vous de la diaspora camerounaise ?

La diaspora s’intéresse au développement du pays mais il faut que le gouvernement les encourage à investir au pays comme le font les Ougandais, Tanzaniens etc.

Si vous devriez donner un conseil, qu’est-ce l’Etat pourrait faire pour attirer la diaspora ?

Si on arrive à attirer la diaspora camerounaise, ce sera un bon début, car c’est quand les Ghanéens ont commencé à investir au Ghana, que les investisseurs non-ghanéens l’ont remarqué et ont commencé à s’intéresser à ce pays. C’était pareil avec la Tanzanie. Je me souviens, une fois, en visite à l’étranger, le président Museveni était venu parler aux Ougandais de la diaspora, ils sont venus de partout pour cette réunion. Le président leur a demandé ce qu’il pouvait faire. C’est ainsi qu’ont suivi massivement des fonds de la diaspora. Les investisseurs se sont beaucoup plus intéressés au pays. Si l’environnement est favorable au retour des capitaux camerounais qui sont à l’extérieur, ce même cadre sera agréable aux investisseurs.

De toutes vos années passées à l’étranger, n’avez-vous pas vu d’actions similaires ?

Pas de manière organisée. Ce qui manque, c’est l’organisation.

La diaspora peut elle jouer un rôle pour la traque des fonds, de l’argent gardé illicitement à l’étranger ?

Il y a un système international qui existe aujourd’hui. On sait que si le gouvernement tient à savoir ou est passé l’argent sorti, il existe des moyens de le savoir.

Que pensez vous du Rdpc qui brandit la paix et seulement la paix pour justifier son bilan auprès des Camerounais ?

La paix est très importante, c’est la base de tout, il faut la préserver, donc, je félicite le Rdpc. Mais cette paix est fragile, il faut qu’elle perdure, même après le Rdpc. Ce qui importe, c’est qu’il nous dise comment faire avancer l’économie du pays.

On sent que vous avez encore le désir de faire bouger les lignes. Quand comptez vous revenir vous installer au Cameroun pour cette tache ?

Pour moi, c’est simple. Je suis en train de construire au village et je veux le faire aussi à Yaoundé. Pour moi, une maison est la condition minimale, après ça, je vais sérieusement songer à rentrer au pays.

Que pouvez-vous nous dire en guise de conclusion ?

Tout simplement que chacun doit se demander ce qu’il faut faire pour nettoyer un peu toute la saleté autour de nous. C’est la discipline et la responsabilité qui peuvent nous aider à trouver des solutions.

Quotidien Le Jour : Propos recueillis par Thierry NGOGANG

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