vendredi 27 janvier 2012
Le leader du Code soutient que son mouvement travaille en ce moment à sa réorganisation.
Depuis un certain temps, on n’a pas entendu parler du Code. Qu’est-il devenu ? Vous êtes-vous émoussés ?
Nous ne nous émoussons jamais. Et c’est un mot qui n’existe pas dans notre vocabulaire. Nous avons marqué un temps de réflexion indispensable dans la situation de flou actuel. Vous allez bientôt entendre parler de nous. Nous réfléchissons à la restructuration du Code. Nous travaillons sur la structuration des organisations patriotiques de la diaspora et nous préparons des actions que je ne peux dévoiler ici.
Qu’est-ce qui explique ce silence qui a coïncidé avec la présidentielle, au point que de mauvaises langues ont affirmé qu’on vous avait acheté ?
Acheté ? Nous sommes habitués à ce genre de rumeurs malveillantes, généralement entretenues par les supporters du dictateur Paul Biya pour tenter de nous décrédibiliser aux yeux de l’opinion. Mais les faits viennent toujours démentir.
Lesquels ?
C’est quand même extraordinaire ! Parce que nous n’avons posé aucune action depuis seulement les trois derniers mois, on voit dans notre retrait l’achat. Souvenez-vous de ce que nous avons fait à Birmingham avec Elecam, y a seulement trois mois.
On vous a vu plutôt concentré sur la Côte d’Ivoire et la Libye, comme si vous en aviez déjà fini avec les problèmes du Cameroun…
Nous sommes avant tout des panafricanistes et des anticolonialistes. Ce que la France a fait en Côte d’Ivoire et en Libye, nous interpellait. Nous avons donné notre position. Lutter pour libérer le Cameroun ne suppose pas que nous allons fermer les yeux sur les crimes que la France commet contre les peuples frères.
On vous reproche une certaine dispersion dans vos actions au niveau de la diaspora...
C’est normal. La diaspora n’est pas un corps homogène.
La conséquence c’est cette victoire de Paul Biya à l’étranger lors de la dernière présidentielle...
Paul Biya n’a pas gagné à l’étranger. Si nous acceptons cette assertion, il faudrait aussi admettre qu’il a gagné au Cameroun. Au Royaume Uni, par exemple, sur une communauté de plus de 20 000 personnes, moins de 200 étaient inscrites. Et seules 123 ont voté, dont seulement 83 pour Paul Biya. Si l’on soustrait les 50 membres de la mission diplomatique, il reste tout juste 33 Camerounais qui ont voté pour Monsieur Biya. Si c’est cela une victoire, je vous laisse le choix des mots.
Il y a un débat en ce moment sur la refonte ou la révision du fichier électoral. Quel est votre avis ?
C’est un débat qui ne nous intéresse pas du tout. Nous avons exigé une Commission électorale indépendante et nous nous en tenons à cette exigence.
Donc vous ne seriez pas partant pour les municipales et législatives de juillet prochain ?
Pour nous, les élections ne font que prolonger le règne de monsieur Biya, et donc le martyr des Camerounais.
Certains Camerounais de la diaspora espéraient un ministère à eux réservé. Le président Biya n’en a pas tenu compte. Vous êtes déçu ?
Déçu ? Nous n’attendons rien de monsieur Biya, parce que nous ne lui avons rien demandé. La seule chose que nous lui demandons, c’est qu’il dégage.
Paul Biya doit vous manquer ! Vous étiez habitués à troubler ses séjours en Suisse en allant tambouriner à son hôtel. Depuis plus de 150 jours, il n’a pas bougé du Cameroun…
Tant mieux ! Il sait très bien ce qui l’attend s’il remet ses pieds en Europe. Nous sommes en état d’alerte. Et nous l’attendons.
Propos recueillis par J-B. T(Le Jour)