Bebey Manga ne chantera plus

La diva de la musique camerounaise s’est éteinte vendredi dernier à Douala.

La musique camerounaise perd l’une de ses doyennes. Bebey Manga n’est plus. La chanteuse à « la voix de bébé » s’est éteinte vendredi dernier à Douala des suites d’un arrêt cardiaque. Selon des témoignages, elle a ressenti la douleur à son domicile à Akwa Nord, à Douala.

Et, le temps de la transporter vers un hôpital, Bebey Manga a rendu l’âme. Bebey Manga était un mastodonte de la musique camerounaise et africaine, au propre comme au figuré. Puisque la chanson à succès, Amiyo, qu’elle interprète dans les années 70, une composition d’Ebanda Manfred et Villa Vienne, devient un succès international grâce à elle.

Amiyo est reprise à travers le monde en trente langues au moins. La native de la région du Sud-Ouest Cameroun, qui, de par son âge (63 ans), donnait déjà des spectacles étant assise a également remis au goût du jour, pour les nouvelles générations Bota Benama, une chanson que Charles Lembe a composée et interprétée dans les années 70. Sa voix était un diamant, pour reprendre certains chroniqueurs culturels.
Car, toutes ses chansons étaient souvent des succès. D’ailleurs, les premiers à s’en rendre compte sont les confrères ivoiriens qui décident de baptiser Elisabeth Bessem Ayamo Manga « Bebey Manga » à Abidjan en 1975, du fait de sa voix de bébé. C’est là-bas, dans la capitale ivoirienne que la Camerounaise fait ses premiers pas dans la musique et entame sa carrière internationale, le succès ayant été immédiat.

Mais, Bebey Manga n’était pas qu’une bonne interprète. Elle a aussi composé des chansons qui ont eu du succès et lui ont permis de remporter des titres à l’instar de Canal d’or de la chaîne de télévision privée Canal 2 International en 2008. Dans ce registre, l’on retrouve Diyakamba, un makossa très dansant. Quelques temps après, elle joint sa voix à celle de Manu Dibango pour reprendre « Soir au village » du célèbre saxophoniste camerounais dans son album Manu Safari. « Bebey Manga est formidable. Son timbre vocal et celui de celui de Anne Marie Nzié sont les seuls qui montent très haut dans les aigus, malgré son poids qui la gêne un peu. Mais, elle est bien dans sa peau », écrivait encore un confrère parisien le 13 avril 2007.

Bien dans sa peau ? Mais, la chanteuse avait quelques soucis de santé. L’on parlait d’hypertension artérielle et bien d’autres maladies auxquelles sont exposées des personnes âgées. Bebey Manga a été la première vice-présidente de la Cameroon music corporation (Cmc) dont Sam Mbende était président du conseil d’administration. La société civile en charge de la gestion du droit d’auteur des musiciens, qui a été dissoute par la ministre de la Culture en 2008, pour faire place à la Socam (société civile de l’art musical) aujourd’hui.

Par Justin Blaise Akono(Mutations)