Abus : Une adolescente violée par son père et son frère

C’est avec le visage meurtri et la mine d’un animal en cage que Rosy, 14 ans s’exprime à un de ses camarades de classe, en présence du reporter du Messager ce dimanche 21 février 2010 au quartier Nkomo, banlieue située à un jet de pierre d’Ekounou. L’adolescente a une voix mêlée à la fois de haine, de remords mais surtout d’un air revanchard qu’elle dissimule derrière sa tristesse, perceptible dans ses yeux larmoyants. Elle peine à formuler une phrase, encore moins de raconter avec exactitude ce qui lui est arrivé. On le comprend, elle revient de loin. Issue d’une famille polygamique qui bat de l’aile, Rosy a vécu l’horreur pendant un peu plus de six mois. Rien qu’en s y rappelant, elle n’a qu’une envie : se donner la mort. De sa voix faible, elle tente de le hurler à qui veut l’entendre. Mais la douleur prend le dessus.

L’histoire remonte au début du mois de septembre. Troisième enfant d’une fratrie de douze, Rosy, comme ses frères et soeurs, a été confiée en 2008 à une « famille d’accueil » au quartier Emana, pour une durée d’un an. Les explications des proches à sa famille maternelle révèlent que c’était là une façon pour sa mère de protéger sa progéniture des affres d’une vie conjugale vouée à la dérive. De retour de son séjour à Emana au mois d’Août, c’est dans la maison de son père que Rosy va désormais habiter. Le cauchemar de cette élève en classe de 4ème va alors commencer. La fillette aurait subi, selon ses propres aveux, « viols et agressions sexuelles » commis par son propre père. « Il abusait d’elle tous les soirs où il rentrait saoul, et menaçait de la tuer si elle osait dévoiler l’odieux acte à qui ce soit », indique une source proche de la famille de Rosy. Le cauchemar de l’adolescente s’est poursuivi et amplifié lorsqu’à son tour, son propre frère (étudiant à l’Université de Yaoundé II Soa, Ndlr) qui ne rentrait à la maison qu’un week- end sur deux, a également pris l’habitude d’abuser d’elle. Six mois durant, frère et père, ont donc violé la malheureuse enfant à tour de rôle, « sans que ni l’un ni l’autre n’aient jamais su qu’ils partageaient la même déviance », indique la source.

Ce n’est que lors de la traditionnelle réunion de famille qui a eu lieu du vendredi 19 au samedi 20 février 2010 que la pauvre, est passée aux aveux. « Sans que l’on ne comprenne pourquoi, l’adolescente menaçait de rompre avec les rites familiaux. Surprise par cette décision inattendue et soudaine, la sœur cadette à son père a voulu en savoir davantage. Rosy a donc saisi l’occasion qui lui était offerte pour briser son douloureux secret », raconte une source. Piqué au vif par cette tragique histoire, le conseil de famille aurait manu militari passé à tabac le frère incriminé avant de le conduire au commissariat le plus proche.

Fuite

L’interpellation du père apprend t-on, a été plus difficile. Recherché dans le cadre d’une autre affaire de viol au mois de décembre, ce dernier avait pris l’habitude de fuir les policiers. Après une traque acharnée, il a finalement été localisé dans la nuit du dimanche 21 février 2010 dans un village situé à un jet de pierre de Mbalmayo. Le suspect, souligne la source, s’est alors retranché dans une vieille baraque, menaçant les forces de l’ordre de se suicider à l’aide d’un couteau qu’il avait appliqué sur sa gorge. Au terme d’une heure trente de négociations, le forcené s’est finalement rendu. Placé en garde à vue, dans un commissariat dont nos sources ignorent le signalement, le pédophile attend d’être entendu avant on l’espère, d’être transféré à la maison d’arrêt de Kondengui. Les autres enfants du couple qui ont tous pris part aux assises familiales n’en reviennent pas. Eux qui croyaient que leur père était attaché aux paroles saintes comme il le faisait croire en se rendant à l’Eglise tous les dimanches, n’était pas aussi pieux qu’il le prétendait.

Par Christian Tchapmi(le messager)