vendredi 19 février 2010
13 février 1933 -13 février 2010. Paul Biya, l’actuel président du Cameroun a eu 77 ans. Comme le dit l’adage populaire connu du sens commun, « on est jeune de 7 à 77 ans. » Ce jour, à 77 ans six jours, le chef de l’Etat a quitté la tranche d’âge de la jeunesse citée plus haut.
Il vient d’entrer dans le cercle très restreint de ceux-là que la plupart des groupes humains (si vous voulez, tribus) appellent affectueusement « patriarches ». Chez la plupart des peuples du Cameroun, un patriarche est un homme respecté, qui suscite à la fois considération et crainte. On peut donc se réjouir logiquement, avec son entourage familial et politique que le président ait atteint cet âge patriarcal. Ceci, à moins d’un an de la fin de son présent mandat présidentiel. Logiquement, on aurait pu lui souhaiter un repos mérité. C’est-à-dire qu’à l’issue de son mandat actuel, il se démette de ses responsabilités au sommet de l’Etat, et aille enfin se reposer. Un repos bien mérité. Car il faut le dire, Paul Biya, humainement, mérite bien d’arrêter de travailler pour le Cameroun, du moins au niveau où il est actuellement, et de se reposer enfin.
Souvenons nous que c’est pratiquement depuis près de 50 ans que l’homme est au service de son pays. A un échelon aussi élevé de l’Etat. De directeur du cabinet du ministre de l’Education nationale (équivalent à secrétaire général aujourd’hui) à deuxième président de la République du Cameroun, en passant par les postes stratégiques de chargé de mission à la présidence de la République, secrétaire général de la présidence de la République et Premier ministre du Cameroun. Il s’agit d’un homme qui a donné et même usé ses forces aux services de l’Etat. Avec, on l’imagine et l’espère, la plus grande disponibilité, la plus forte générosité, et la plus complète des dextérités. Alors, près de 50 après, et surtout près de 28 ans de présence au sommet de l’Etat dans l’exercice continue des fonctions de président de la République chef de l’Etat, et dans sa 77è année de vie, que peut encore Paul Biya ? Une question lancinante pour tout citoyen normalement soucieux de l’intérêt général de son pays. Au moment où arrive à grands pas, la fatidique année 2011 au cours de laquelle devrait logiquement se tenir la prochaine élection présidentielle au Cameroun.
Montrer le bon exemple
Vu de loin, notamment à la télévision, Paul Biya apparaît en superbe forme. Même si on sait que rationnellement les hommes de son âge, c’est-à-dire ces patriarches, n’ont pas toujours totalement une forme physique loin d’inquiétudes, et qu’ils peuvent apparaître fragile sur le plan sanitaire. En tout cas, en attendant que le cabinet civil se donne l’obligation républicaine de publier, comme cela se fait dans tous les pays qui se veulent sérieux, le bulletin de santé du président, l’image apparente que renvoient les formes physiques de l’actuel chef de l’Etat est qu’il est un homme « sain de corps et d’esprit », comme aiment à le dire la plupart des hommes du sérail qui le côtoient assez souvent. Un de ses proches collaborateurs n’a-t-il pas l’habitude de dire que « le président n’a pas un problème d’âge. C’est un homme plein d’énergie, de vigueur, et qui est conscient de ses hautes responsabilités. Et croyez moi, cela pour bien longtemps encore contrairement à ce que certains peuvent imaginer. »
Ce qui par contre est certain, sauf catastrophe ou revirement de dernière minute, Paul Biya sera candidat à sa propre succession au cours de la prochaine élection présidentielle au Cameroun. Les nombreuses manœuvres et actions politiques de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDDPC), à travers ces pluies des motions de soutien et d’appels à candidature pour la prochaine présidentielle, et surtout les discours que lui-même tient devant le peuple et la mémoire collective, ne trompent nullement. Un fait peut apparaître constant : beaucoup auront de la peine à parier sur sa non réélection. Non pas seulement parce que le contexte actuel et les zigzags du processus électoral peuvent lui apparaître entièrement favorable, mais aussi parce que dans la situation psychologique actuelle des populations camerounaises, surtout de celles qui seront appelées à aller voter, l’on pense à une démission collective face à des dirigeants et des hommes politiques de tout bord, qui ont réussi à les rendre inertes politiquement. Sauf miracle, il risque donc ne pas avoir de véritable compétition (n’en déplaise aux membres d’ELECAM qui semble vouloir dire le contraire) au cours de la prochaine élection présidentielle.
Mais le défi majeur face auquel va se trouver Paul Biya au cas où il venait à rempiler effectivement est celui de faire du Cameroun un pays où règne le progrès. D’où le commentaire d’un politologue du sérail politique camerounais approché par Le Messager : « Le président Paul Biya une fois réélu comme cela se préssent sera face à un défi. Ce qui sera important à faire pour le président Paul Biya est de tenir ses promesses. Vous savez, quand on a dépassé 77 ans, on est patriarche. On ne doit plus mentir au peuple. On fait tout pour que le peuple soit heureux. On travaille véritablement. Voila le premier défi. Ensuite, il se trouve que le président doit pouvoir rassurer la jeunesse, en renouvelant par exemple la clase politique. Aujourd’hui vous avez des hauts cadres de la République qui ont commencé à travailler alors que l’actuel président venait de prendre le pouvoir. Le président est toujours en place et entend nécessairement se maintenir au pouvoir. Mais tous ont le sentiment qu’ils iront en retraite sans véritablement être responsabilisés aux côtés du président ou alors dans les hautes sphères de la République. Le président à ses hommes et ses fidèles. Ce qui est normal. » Précise une source introduite qui poursuit. « Mais, il y a une chose à retenir : le chef s’il veut être respecté encore, doit se démettre des courtisans, des flagorneurs, des thuriféraires qui lui disent tout va bien, et qu’il doit absolument se représenter. Je suis convaincu, Paul Biya à plus de 77 ans peut le faire. » Seul l’avenir le confirmera…
Par jean francois channon(le messager)