lundi 14 décembre 2009
Le musicien batteur résidant en France a été conduit à se dernière demeure samedi dernier au cimetière de Bonadibong.
Pierre Valery Lobe a été inhumé le 12 décembre dernier à Douala, au cimetière de la cathédrale saints Pierre et Paul de Bonadibong. Le musicien batteur camerounais de renommée internationale est mort sur scène le 06 novembre 2009 à Konstanz en Allemagne.
Avec son groupe le Kata Kata Band, l’artiste se produisait à l’occasion de la présentation du nouvel album d’Aladji Touré intitulé New Face. Lors de son témoignage à la veillée au domicile familial du défunt, Aladji Touré a rapporté que Valery Lobe, ce jour la, comme à l’accoutumée, avait mis tout l’orchestre dans la gaieté pendant le voyage en train en partance pour le spectacle. « Il s’est écroulé au milieu du cinquième morceau, un titre qu’il appréciait bien », témoigne Aladji Touré. Grégoire Kwédi, frère du défunt, confie que Valery Lobe a souffert deux mois auparavant de douleurs thoraciques et a subi une intervention médicale pour déboucher les deux artères en cause.
Des artistes ont tenu à rendre un hommage en sons et en musique à celui qu’ils nomment affectueusement « Valo ». A cet effet, un premier concert à Paris, le 23 novembre, a réuni des artistes africains et antillais, avec la participation notamment de Papa Wemba. Un deuxième concert s’est tenu à Douala lors de la veillée au domicile familial du défunt à Bonabékombo. Certains artistes tels que Guy Lobe et Jean Dikotto Mandengue ont donné de leur voix et salué la mémoire de leur collègue disparu. Ekambi Brillant, Dina Bell et plusieurs artistes des cabarets de la ville ont également apporté du leur.
Valery Lobe quitte donc la scène. Il retourne à la terre un 12 décembre, date de son anniversaire. Ses trois enfants Diana, Ambre et Aldric, au cours de leurs interventions avant l’office religieux, ont entonné avec émotion « un joyeux anniversaire papa ». Le prédicateur de la chapelle du collège de la Salle, dans son homélie de la messe de requiem, a soutenu que « le Seigneur a voulu que ce jour soit véritablement le jour de naissance de Valery Lobe au ciel ». Le cortège constitué des membres de la famille et des artistes s’est ébranlé de la chapelle pour le cimetière de la cathédrale saints Pierre et Paul, où la dépouille de Valery Lobe a été inhumée à 17h 45.
Pierre Valery Lobe : Enterré le jour de son anniversaire
L’artiste a abandonné ses études pour se consacrer à la batterie, un instrument qui l’a toujours fasciné.
Né le 12 décembre 1956 à Kekem, dans le département du Haut Nkam, Pierre Valery Lobe rentre désormais dans les annales de la musique. On ne le retrouvera plus à la batterie au milieu d’un orchestre. Lui qui, très jeune, a arrêté ses études secondaires pour se lancer dans l’apprentissage de la batterie, son instrument de musique favori. Après son Cep obtenu à l’école principale d’Akwa, il entame la classe de 6ème puis met un terme à ses études. Alors âgé de 16 ans, Valery Lobe s’exerce dans différents cabarets de la ville de Douala. Il rencontre le batteur Elimb’a Money dont les prestations l’impressionnent. Il en devient un fan. Lors de ses représentations en cabaret, il tombe sur l’artiste Ekambi Brillant, avec lequel il joue au domino. Avec ce dernier, naît le groupe ‘E.Biz’ (Ekambi show). Le ‘E.Biz’ fait des tournées à l’intérieur du pays. Et c’est toujours sous la supervision d’Ekambi Brillant que Valery Lobe effectue sa première tournée en Cote d’ Ivoire vers, 1980.
De retour de cette première tournée, Valery Lobe reste quelques temps au Cameroun, puis s’envole pour la France. Il pose ses valises à Gennevilliers, chez son frère Grégoire Kwédi, qui lui offre sa première batterie. Il s’inscrit au conservatoire de musique de Paris, où il apprend à jouer à la batterie, au piano, à la guitare et s’initie au solfège. Les trois années passées au conservatoire ont doté Pierre Valery Lobe d’encore plus d’aptitudes. Il est désormais maître à la batterie, mais est aussi doué pour les percussions et les arrangements. D’ailleurs, dès sa sortie du conservatoire, il a initié de jeunes Français à son art.
Pierre Valery Lobe a réalisé son premier tube comme batteur avec le chanteur Jaky Ndoumbe. Il a accompagné des artistes de renom tels Manu Dibango, Ekambi Brillant, Aladji Touré, dont il faisait partie de l’orchestre, le Kata Kata Band. On l’a également retrouvé aux cotés de Myriam Makeba, Papa Wemba, Salif Keita, Toto Guillaume, Shimizu Yashuaki et bien d’autres. Il a ainsi visité plusieurs pays au travers de tournées mondiales. Lors d’une tournée en Cote d’Ivoire, il rencontre Christiane Amiyi, une Togolo-Camerounaise avec laquelle une histoire naît. Les deux compagnons se marient en France, et de cette union naissent trois enfants dont deux filles et un garçon. Sa petite famille résidant au Cameroun ne garde de lui désormais que de bons souvenirs.
Votre avis : Quel souvenir gardez-vous de Valéry Lobé ?
Aladji Touré, créateur du Kata Kata Band : "Il emporte avec lui une partie de mon art"
Mon premier véritable orchestre était avec Valéry Lobe. Même lorsque j’ai connu ma première femme, nous allions souvent ensemble lui rendre visite. Il a été quelqu’un de très généreux. Il me répétait sans cesse « j’aime ta musique ». Sur le plan professionnel, c’était un travailleur. Il ne savait pas faire les choses à moitié. Il était un peu moqueur, mais c’était pour détendre l’atmosphère. En bref, il avait les qualités qu’on demande à un musicien de sa carrure. Il emporte avec lui une partie de mon art. Je me sens comme orphelin. Ma vie s’est arrêtée quelque part. Mon album, je ne sais plus quand il va sortir. J’ai dû arrêter tout un moment. Je devais même célébrer mes 30 ans de carrière musicale le 05 décembre dernier. Le nouvel album que j’ai intitulé « New Face » devait sortir le jour du concert dédicace pendant lequel Valéry a rendu l’âme. L’album ne sort pas pour l’instant. Peut-être l’année prochaine. Je me souviens que lors des répétitions d’avant concert, Valery Lobe avait beaucoup apprécié le dernier morceau des treize titres que compte l’album. Pour la balance, le soir de la représentation, lorsque j’ai annoncé que l’on la fera avec le titre que Valo appréciait bien, il m’a dit en riant ; en langue beti : mor’awou awou (si quelqu’un doit mourir, il mourra). Pendant la véritable représentation, lorsqu’on a interprété ce morceau, Valo a éclaté de rire, il s’est écroulé et a rendu l’âme. Je suis bouleversé depuis le décès de Valéry. Je fais certaines choses à l’envers. J’oublie des prénoms d’amis.
Haoussa Drums, batteur : "C’est un papa que je perds"
Pour moi, Valo était un papa. Il a été un père spirituel. Il m’a encadré. J’ai passé deux années à ses côtés. J’ai appris de lui qu’il faut toujours travailler. Il me recommandait aussi de beaucoup prier pour éviter les pièges dont peut regorger la profession. C’était quelqu’un qui avait toujours du temps à accorder aux artistes. Il était disponible. Aujourd’hui, je lui dis au revoir et je comprends que c’est la vie qui est
ainsi faite.
Petit Pays, artiste : "Il a été à l’origine de ma carrière en Europe"
C’est un monument, un grand frère. Il a été à l’origine de ma carrière en Europe. C’est un père que l’Afrique toute entière vient de perdre. Comment le qualifier ? Les mots me manquent. Sinon, c’était quelqu’un de cordial et d’ouvert, qui a aidé beaucoup de personnes. Un artiste de renommée mondiale. Je suis très touché par son décès. Je pense que l’Afrique a perdu une sommité très importante.
Par Mathias Mouendé Ngamo(lejour)